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Affaire Khadr: Nos droits sont inaliénables

Former Guantanamo Bay prisoner Omar Khadr, 30, is seen in Mississauga, Ont., on Thursday, July 6, 2017. The federal government has paid Khadr $10.5 million and apologized to him for violating his rights during his long ordeal after capture by American forces in Afghanistan in July 2002. THE CANADIAN PRESS/Colin Perkel Photo: Colin Perkel/La Presse canadienne

Il y a de ces affaires qui enflamment l’opinion publique, comme celle des 10,5M$ et des excuses à Omar Khadr. En quelques jours, on a vu déferler des dizaines de manchettes, de textes, de chroniques, de lettres d’opinion, de débats à la radio et à la télévision, des pour et des contre – ça n’en finissait pas d’argumenter. Sur les réseaux sociaux, c’est comme d’habitude: une déferlante d’un peu n’importe quoi, un cirque où la fiction dépasse la réalité et où les faits prennent le bord, laissant place à l’émotivité collective et au lynchage public.

L’affaire est pourtant bien simple, et les faits très clairs. Il suffit de retirer le filtre émotionnel et idéologique pour y voir la réalité telle qu’elle est, terrible et moche.

Omar Khadr est d’abord un citoyen canadien. Il se doit de jouir des mêmes droits que tout Canadien, comme vous et moi, notamment au droit fondamental à un procès juste et équitable, et ce quelle que soit la gravité des accusations auxquelles il faisait face. C’est le fondement même de notre système de justice et de notre démocratie. Et non, il n’y a pas d’exception, il ne doit jamais y avoir d’exception.

Ensuite, pour ce qui est des faits qui lui sont reprochés, Omar était un enfant lorsqu’ils les a commis. Normalement, notre système de justice traite les enfants accusés de crimes différemment des adultes. Il a pourtant été arrêté et enfermé par les Américains à la prison de Guantanamo, sans qu’aucune accusation officielle ne soit portée contre lui. Il a été torturé. Notre gouvernement n’a rien fait, il a même été complice des faits.

L’indemnisation d’Omar Khadr doit nous rappeler que nos droits en tant que citoyens canadiens sont indivisibles et inaliénables. Il ne doit jamais y avoir d’exception, même si on est accusé des pires crimes.

Après 10 ans de prison, on lui a imposé de signer un aveu de culpabilité qui lui permettrait d’être transféré au Canada.

Dans cette affaire, il importe peu qu’Omar Khadr ait bien commis le crime dont il est accusé. Ce qui importe ici est que notre gouvernement a bafoué le droit fondamental d’un citoyen canadien, mineur en plus. Nous devons tous nous en inquiéter, parce que si c’est arrivé une fois, ça pourrait arriver à n’importe qui, à vous aussi. Nos droits sont inaliénables, indivisibles, c’est une question de principe. Même le pire des criminels, le pire terroriste devrait avoir droit à un procès juste et équitable où il pourrait se défendre et être jugé en toute impartialité.

Omar Khadr a poursuivi le gouvernement canadien, c’est sont droit. Par entêtement idéologique ou calcul politique, le gouvernement conservateur sous l’égide de Stephen Harper a dépensé plus de 4M$ en frais de justice pour ne pas reconnaître son erreur, et pour ne pas indemniser Khadr, qui le poursuivait pour 20M$.
La semaine dernière, le gouvernement libéral a conclu une entente avec Khadr: 10,5M$ et des excuses officielles. Que cela serve de leçon à nos gouvernants: on ne badine pas avec les droits des Canadiens.

@Houssein

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