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L’expertise citoyenne a ses limites

Photo: Jimmy Beaulieu/collaboration spéciale

Alors que de plus en plus de Québécois désirent s’impliquer dans le développement de leur ville, possède-t-on réellement le bagage nécessaire pour se positionner sur la plupart des enjeux urbanistiques?

La question a été largement débattue pas plus tard que samedi dernier, lors d’un colloque de l’Ordre des architectes du Québec portant sur la participation citoyenne. Architectes, urbanistes et citoyens de tous horizons étaient réunis pour discuter du rôle du citoyen dans les consultations publiques… et de sa véritable capacité à pouvoir contribuer à la bonification de projets urbains.

Quelques conférenciers présents samedi nous ont d’ailleurs exposé les «limites» de ce qu’on peut parfois soutirer de la participation citoyenne en présentant les conclusions drôlement banales de récentes démarches publiques. Des conclusions telles que «Les citoyens désirent obtenir un projet sécuritaire et convivial» ou encore «Le futur immeuble devra respecter l’âme patrimoniale du quartier».

Mais encore? Avait-on réellement besoin d’une consultation publique pour obtenir des réponses aussi grossières? Si l’architecte n’arrive pas à de telles conclusions par lui-même avant de se lancer sur la table à dessin, il ne mérite peut-être pas sa licence. Et quand on considère les coûts et les délais qu’engendre ce type d’exercice démocratique (souvent des dizaines de milliers de dollars et des mois d’attente), on peut comprendre les frustrations de certains promoteurs (ou élus) à devoir patienter après des rapports aussi superflus.

Bref, le colloque a réussi à mettre en lumière certaines lacunes du Québécois moyen en matière de développement urbain. On ne possède pas toujours le vocabulaire, les idées ou les connaissances générales nécessaires pour orienter convenablement les consultations publiques auxquelles on participe. Parce que contrairement à la biologie, aux mathématiques ou à l’histoire, l’architecture et l’urbanisme ne sont aucunement enseignés dans les écoles primaires et secondaires de la province. C’est pourtant la base de notre société, qui influence notre économie, notre santé publique et notre qualité de vie au quotidien. Pourquoi donc ne pas introduire un cours en design urbain et en architecture à la petite école pour notre culture générale?

Autre avenue à explorer pour élargir nos connaissances en la matière : permettre au citoyen d’avoir son mot à dire dans la sélection finale d’un projet financé à même les fonds publics.

Exemple concret
Pour ne donner qu’un exemple, la ville de Melbourne, en Australie, a lancé il y a quelques mois un concours international pour le design d’une nouvelle gare de train. Trois propositions issues des plus grands bureaux d’architectes de la planète ont été retenues, puis présentées au public par une plateforme web. Dans la dernière phase du concours, les résidants de Melbourne étaient invités à voter pour LA gare qu’ils désireraient pour leur propre ville, tout en justifiant leur choix par écrit. Un jury d’expert devait également se prononcer sur la décision finale.

Pourquoi ne pas instaurer une telle mesure ici même, au Québec, pour inviter toute la population à débattre publiquement de l’architecture de nos grands projets publics?

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