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Gros ego, gros travaux

Photo: AM project


Les «starchitectes» ont-ils trop de difficulté à limiter leur besoin viscéral de marquer le territoire de façon démesurée? Chose certaine, l’ego de plusieurs d’entre eux est en train de dénaturer plusieurs villes du monde.

Un des plus récents exemples est celui du réputé architecte Rem Koolhaas, qui souligne ce mois-ci l’ouverture d’une des dernières réalisations de sa firme OMA, la tour De Rotterdam.

Massive, démesurée, hors contexte. Plusieurs résidants de l’endroit n’ont pas hésité à crier haut et fort leur mécontentement quant à ce projet… et on comprend facilement pourquoi! Non seulement Rem Koolhaas brime le cachet patrimonial de sa ville natale, mais il ose en plus porter ombrage à un des plus beaux ponts érigés ces dernières années sur la planète, le Erasmus Bridge.

Pourquoi bâtir un tel mastodonte monotone juste à côté d’une des plus grandes fiertés architecturales des Pays-Bas? C’est un peu comme si on décidait de construire un gratte-ciel sur le terrain du Stade olympique. Imaginez l’opposition citoyenne. Il n’y aurait pas de meilleure façon de dénaturer notre patrimoine bâti.

C’est à se demander d’ailleurs pourquoi les élus de Rotterdam ont accepté une telle proposition. Est-ce simplement pour ses retombées économiques? Pour le prestige de l’architecte? Koolhaas laissera certainement sa trace pour les prochaines décennies dans sa ville, mais ce ne sera peut-être pas pour les bonnes raisons à observer le mécontentement de la communauté.

Et que dire de la mouche qui a piqué l’Italien Joseph di Pasquale, ayant chapeauté le design du nouveau siège social de deux entreprises chinoises à Guangzhou? Selon une entrevue récemment accordée à Deezen (une référence en architecture), ses clients lui auraient demandé un édifice qui allait marquer l’imaginaire et qui se démarquerait des gratte-ciel plus «traditionnels».

Eh bien, ils ont été servis! La tour est non seulement visible à des kilomètres à la ronde, mais elle a également été conçue en forme de… beigne doré! On dirait pratiquement un design burlesque sorti tout droit de l’imaginaire d’un excentrique milliardaire à la Donald Trump.

On observe cet éléphant au beau milieu de Guangzhou et la seule question qui nous vient en tête est : pourquoi? Et là, je ne parle même pas de l’esthétisme du projet. Tous les goûts sont dans la nature. Mon questionnement réside surtout dans son échelle démesurée pour le quartier. Imaginez ses pauvres voisins qui auront dorénavant la vue constamment braquée sur ce beigne scintillant au soleil.

Power trip d’architecte? Manque de sensibilité au contexte local? Clients égocentriques désirant exhiber leur richesse? Peu importe la motivation, l’architecte n’a pas assuré son rôle de «médiateur» dans ce dossier. Il doit évidemment répondre aux exigences de ses clients, mais il doit également s’assurer de respecter la communauté. Joseph di Pasquale l’a visiblement oublié, ici…

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