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La pilule pour maigrir ou le design

Photo: Saucier-Perrotte Architectes\Marc Cramer

Alors que le Sommet Montréal physiquement active débute ce jeudi, il y a de quoi être inquiet lorsqu’on prend connaissance des plus récentes données de l’Institut national de la santé publique du Québec.

Une personne majeure sur deux présente un surplus de poids, et plus d’un million d’adultes sont carrément obèses. Chez les enfants, près d’un jeune sur quatre vit avec un excès de poids.

Pas très glorieux comme statistiques, surtout lorsqu’on réalise tous les dollars qui s’envolent inutilement chaque année des coffres de l’État à cause de l’embonpoint. Maladies cardiovasculaires, diabète, asthme, perte d’estime de soi, perte de productivité… Ce sont des centaines de millions qu’on ne reverra jamais et qui auraient pu être investis dans l’éducation, les logements sociaux et le transport collectif.

Ici, comme ailleurs sur la planète, l’obésité sera indéniablement l’un des pires fléaux à combattre au 21e siècle. On a beau en discuter depuis des années et mettre en place toutes sortes de campagnes de sensibilisation coûteuses, les résultats espérés tardent à venir, comme en témoignent les statistiques. C’est pourquoi de plus en plus de villes commencent à revoir leurs stratégies en s’attaquant à la routine métro-boulot-dodo du citoyen moyen. En d’autres mots, comment peut-on concevoir un quartier ou un milieu de travail qui inciterait le citoyen à bouger davantage au quotidien, sans pour autant brusquer ses habitudes de vie?

L’un des leaders nord-américains en la matière aura certainement été l’ex-maire de New York Michael Bloomberg, qui a complètement revu, au cours de ses trois mandats, la façon de concevoir la ville. En plus de multiplier les zones piétonnes et les pistes cyclables, il a eu l’audace de déposer un projet de loi sur le design et l’emplacement des escaliers dans les futurs édifices de Manhattan. Il en avait marre de constater que les cages d’escaliers sont fréquemment camouflées derrière une série d’ascenseurs, alors que bien des travailleurs n’ont qu’un ou deux étages à gravir pour accéder à leur bureau. Il a donc sollicité l’aide des architectes new-yorkais pour les encourager à concevoir des cages d’escalier ouvertes, lumineuses, mais surtout, placées à l’entrée des bâtiments pour éviter de flatter la paresse des usagers.

Plusieurs villes ont également misé sur la démocratisation de l’agriculture urbaine en milieu professionnel. On n’y pense peut-être pas d’emblée, mais le design d’un espace de travail peut avoir un effet considérable sur l’alimentation des gens qui y cohabitent. Plusieurs cas d’étude l’ont démontré. En permettant, par exemple, l’accès à une cuisine et l’aménagement d’un potager dans un immeuble de bureaux, on favorise la création de popotes collectives. On évite ainsi que les employés se précipitent sur le premier casse-croûte graisseux à l’heure du lunch.

Bref, le design a été, est et sera toujours un remède efficace pour contrer de nombreux problèmes de santé. Au 19e et 20e siècle, les architectes et les urbanistes ont contribué à vaincre des maladies, comme le choléra, en assainissant les rues, les aqueducs et les bâtiments. Leur grand défi est maintenant l’obésité.

École Paul Bruchési
Un environnement ludique, comme celui de l’école Paul Bruchési, à Montréal, contribue grandement à l’appréciation de l’activité physique. / NIPpaysage

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