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Pont Champlain: copier-coller

Photo: Infrastructure Canada

Je dois l’avouer, j’ai eu quelques accès de bipolarité ces derniers mois avec le dossier du nouveau pont Champlain.

D’un côté, mon optimisme a pris le dessus avec l’arrivée de ce gigantesque projet qui se présentait comme l’occasion parfaite d’ériger notre propre Golden Gate. Une opportunité unique de démontrer le pouvoir économique de l’architecture, de miser sur notre créativité et de créer un nouvel «aimant» à touristes. On pouvait enfin se permettre de produire LE nouveau symbole qui ferait rayonner Montréal à l’échelle internationale.

En même temps, mon côté rationnel a rapidement mis un frein à l’espoir de voir un jour un tel scénario se réaliser. Le simple fait qu’Ottawa a rejeté du revers de la main l’option du concours international d’architecture [malgré une impressionnante mobilisation en ce sens des principaux acteurs du milieu du design] m’a fait craindre le pire. Une telle compétition aurait pourtant permis de faire plancher les meilleures équipes de concepteurs au monde sur tous les aspects du pont, incluant la sécurité, la fonctionnalité, la durabilité, le respect des budgets ainsi que des échéanciers.

Bref, il ne me restait plus qu’à croiser les doigts pour que l’architecte de renommée internationale Poul Ove Jensen, appelé en renfort dans ce dossier, puisse orienter notre gouvernement fédéral vers une certaine forme d’innovation.

Le jour J s’est finalement pointé le bout du nez, vendredi dernier, avec le dévoilement tant attendu des premières esquisses. Ai-je été déçu? Non, même si ma seule réaction a été «Ah, O.K.». Honnêtement, je m’attendais à pire, comme bien des experts en design à qui j’ai parlé ces derniers jours. Le gouvernement conservateur a opté pour la sobriété, pour une structure qui passera relativement bien à travers le temps. Une décision respectable en soi.

Par contre, soyons honnêtes: on aura affaire à un pont générique qui ne risque pas de soulever autant de passion qu’espéré, ici comme ailleurs. Sa forme rappelle drôlement celle du pont Øresund qui relie la Suède et le Danemark, de même que notre fameux pont à péage de l’autoroute 25. C’est du déjà-vu, du copier-coller de ce qui se construit depuis plus d’une décennie un peu partout sur planète.

Pour un gouvernement, c’est un choix rassurant. Les techniques de construction ont déjà été testées. Le design a fait ses preuves. Mais en ne prenant aucun risque, on oublie par le fait même d’innover. C’est notre signature québécoise qui s’estompe, notre fierté collective qui en prend un coup.

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