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Bidonville sur mesure

Photo: Marc-André Carignan

J’avais beau savoir à quoi m’attendre, en me rendant au festival d’architecture expérimentale Re-Shack de Bellastock.Qc, mais mon premier contact avec leur village éphémère m’a quelque peu déstabilisé le week-end dernier.

Plongé au cœur d’un vieux secteur industriel du Sud-Ouest, le site de l’évènement s’apparentait à un miniquartier improvisé de squatteurs, fabriqué à partir de matériaux dénichés à droite et à gauche. Additionnée à un temps gris et à quelques graffitis, la scène urbaine était plutôt singulière en sol montréalais.

Leur village m’a rappelé, sur le coup, des images du nouveau documentaire Bidonville de Jean-Nicolas Orhon, présentement à l’affiche au Québec. Ce dernier nous plonge dans les mondes marginaux que sont les bidonvilles et les squats de notre planète, à travers les yeux des individus qui les érigent et les animent quotidiennement. Le réalisateur nous fait voyager de Mumbai en Inde, jusqu’à Lakewood au New Jersey, en prenant bien soin de mettre en valeur l’ingéniosité et l’esprit collectif régnant dans ces cités aux infrastructures minimalistes.

Et en ce sens, c’est un peu ce que nous a proposé la première édition montréalaise du festival d’architecture de Bellastock.Qc: une petite communauté formée de professionnels et d’étudiants en aménagement du territoire qui ont décidé de s’unir pour atteindre un objectif commun en marge des pratiques traditionnelles. Ils se sont offert une occasion de socialiser et de partager leur créativité, en valorisant la culture de l’expérimentation architecturale. Et surtout, leur initiative a permis de détourner des rebus de constructions en bois, destinés à un centre de tri ou à un dépotoir du Grand Montréal. Portes, contreplaqués, moulures… Tout déchet était bienvenu dans leur village écologique.

En quelques jours à peine, une trentaine de structures ont été créées, allant de petites habitations à des douches collectives, un bar, des œuvres d’art et même… une prison! Le design de chaque création a été adapté au fur et à mesure que le village s’érigeait, en fonction des matériaux disponibles sur le site.

Pour plusieurs participants, l’évènement se présentait comme une occasion en or de mettre en application ce qu’on leur avait enseigné à leur école de design ou d’architecture. Pour d’autres, la motivation résidait plutôt dans le fait que divers morceaux de leur village écologique allaient «survivre» au démantèlement du site. Les boîtes à fleurs iront notamment à l’écoquartier du secteur, alors que les bancs de bois seront conservés pour de futures activités.

Difficile de décrire l’énergie qui se dégageait en s’y baladant entre parents et enfants, mais chose certaine, un sentiment de fierté animait les festivaliers face à l’œuvre complétée. Le succès de Re-Shack pousse déjà les organisateurs à penser à une seconde édition, l’an prochain, dans le même secteur de Montréal.

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