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Sur quelle planète vivez-vous?

Photo: MTQ

Je veux m’arracher les cheveux de la tête quand je constate que nos élus, dont Denis Coderre, soutiennent l’idée d’investir plus d’un demi milliard de dollars dans le parachèvement de l’autoroute 19, dans la couronne nord de Montréal.

Imaginez: 600M$ pour venir en aide à 6600 automobilistes entassés dans le trafic à l’heure de pointe dans un petit secteur de Laval, à un moment où les finances publiques n’ont jamais été aussi mal en point; 600M$ dans le bitume, la voiture solo et une timide voie réservée pour l’autobus alors qu’on peine à entretenir les infrastructures de transport existantes, qui se dégradent à la vitesse grand V.

Et que dire de la Coalition pour le parachèvement de l’A19, qui ne cesse de crier haut et fort que le projet doit se réaliser rapidement puisqu’il est promis par nos politiciens depuis 40 ans? Ce faisant, la Coalition met ironiquement en lumière le plus gros défaut de ce projet: il reflète une vision arriérée qu’avait adopté le Québec dans les années 1970! À l’époque, on était convaincu qu’investir dans l’asphalte et le béton permettrait à Mont­réal de rester accessible et compétitive face aux autres villes nord-américaines. Mais quelques décennies plus tard, on réalise rapidement qu’on a frappé un mur avec cette vision urbanistique qui a engendré plus de problèmes qu’elle n’en a réellement résolu en popularisant la voiture solo: congestion, pollution et stress quotidien.

D’ailleurs, quand j’entends l’argumentaire évoqué pour justifier ces investissements sans queue ni tête, j’ai carrément l’impression de replonger à l’époque de Jean Drapeau. Dans une vidéo publiée sur le site de la Coalition de l’A19, le maire de Laval, Marc Demers, affirme que cette initiative contribuera au développement de sa région, à la qualité de vie de ses citoyens et sera bénéfique pour l’environnement. Eh oui, vous avez bien lu: une autoroute bénéfique pour l’environnement! Eh bien.

Dans cette même vidéo, le président de la Coalition, Paul Larocque, ajoute que l’inclusion d’une petite voie réservée à l’autobus offrira enfin une alternative durable aux automobilistes qui souhaitent délaisser leur voiture. La logique est implacable. Tout le monde sait qu’offrir un nouveau tronçon d’autoroute sur un plateau d’argent aux résidants de la Rive-Nord leur donnera le goût de délaisser leur véhicule comme par magie pour s’entasser dans un autobus. Et pendant combien de temps cette «solution» permettra-t-elle de désengorger le secteur visé, considérant le développement quasi exponentiel de la couronne nord? Sans compter que le trafic a crû de 400% en 8 ans dans ce coin de Laval. L’ajout d’une autoroute fera tout sauf freiner cette croissance.

Comprenons-nous bien ici. Je reconnais qu’il existe d’importantes lacunes en transport collectif dans la couronne nord, qui engendrent des pertes désastreuses pour l’économie du Grand Mont­réal. La situation devient de plus en plus intenable. Mais construire ou prolonger une autoroute est-il la solution la plus logique et la plus rentable collectivement, en 2014, pour assurer un avenir durable à la région?

600 M$, c’est…

  • Les trois quarts de la facture des stations de métro lavalloises qui desservent plus d’une dizaine de milliers de personnes aux heures de pointe.
  • Le coût du tramway que proposait Projet Montréal lors de la dernière élection pour un tracé de 10 kilomètres avec une capacité estimée à 14 880 usagers aux heures de pointe.

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