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La ville intelligente, prochain fardeau de Montréal?

Photo: Mémoires programmées /Columbia Pictures

Denis Coderre n’a jamais caché son intention d’investir rapidement le marché des villes intelligentes. Dès son arrivée sur la scène municipale, il a annoncé haut et fort vouloir faire de Montréal un leader mondial en la matière.

Il n’aura d’ailleurs été que cinq mois à la tête de l’Hôtel de Ville avant de créer le Bureau de la ville intelligente, au coût de 400 000$. S’en sont suivis des consultations publiques, des missions à l’étranger [notamment au Japon pour y étudier l’expertise de Kyoto] et le dévoilement d’une stratégie parcellaire la semaine dernière.

Il n’y a aucun doute: le maire prend la chose au sérieux. Mais jusqu’où son administration étirera-t-elle l’élastique de ce fourre-tout technologique?

La question se pose puisqu’ici comme ailleurs, les Smartcities sont des fantasmes de villes modernes qui seraient de plus en plus connectées afin d’améliorer leur gestion et leur communication. Mais ce sont aussi des utopies technologiques à géométrie variable pouvant prendre n’importe quelle forme et ampleur.

Pour certains, une ville intelligente peut se résumer à développer des applications (comme Info-Neige) qui facilitent la vie du citoyen. Pour d’autres, l’utopie tourne autour d’une métropole cybernétique, ce qui demande l’ajout de technologies onéreuses: centre de gestion de la circulation, fibre optique, lampadaires intelligents, Wi-Fi… Les possibilités sont pratiquement infinies.

Pour nos politiciens, c’est également un outil de marketing puissant. D’Osaka à Barcelone, on investit des sommes colossales pour redéfinir l’image de sa ville autour de ce nouvel idéal urbain. On justifie ce virage technologique en disant qu’il augmentera l’attractivité de sa cité, notamment auprès des entreprises et des universitaires.

Mais la ville intelligente, c’est principalement un secteur d’activités extrêmement lucratif. Selon la firme américaine Markets and Markets, le marché planétaire des Smartcities oscillait en 2014 autour de… 654G$! C’est pourquoi des entreprises comme IBM, Siemens et Microsoft embauchent des armées de lobbyistes pour faire miroiter leur mirage technologique auprès de nos élus. Les risques de dérapages financiers sont donc très élevés, surtout si on se lance dans ce marché à tâtons.

Sans compter qu’on sous-estime souvent le coût réel de la ville intelligente. Avec l’obsolescence programmée et la rapidité avec laquelle les technologies évoluent, «tenir à jour» sa métropole branchée exige beaucoup d’énergie et de ressources financières.

C’est pourquoi l’équipe Coderre devra faire preuve de jugement et de vision à long terme dans ce dossier. La Ville peine à entretenir son patrimoine, ses écoles, ses aqueducs et ses infrastructures routières. Il faudrait éviter que l’entretien de notre Mont­réal intelligent impose un autre fardeau financier dans 10 ou 15 ans.

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