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L’art d’enlaidir la ville

Photo: Marc-André Carignan

Coderre a le sens du spectacle. L’épisode de la semaine dernière avec la dalle de béton de Postes Canada l’a clairement démontré.

En plus de dénoncer l’attitude cavalière de la société fédérale dans l’installation de ses boîtes postales, le geste du maire de Montréal a mis en lumière un manque total de vision dans l’aménagement de l’espace public, ici comme ailleurs au pays.

Comprenez-moi bien: je ne suis pas contre l’idée de me déplacer pour aller recueillir mon courrier. J’ai vécu les vingt premières années de ma vie en banlieue et je n’avais jamais vu de postiers à domicile avant de m’installer à Montréal pour mes études universitaires. À la limite, je remercie ce système de boîtes communautaires qui encourageait ma famille à prendre une marche quotidienne dans un écosystème où tout est pensé pour la voiture, incluant l’achat d’une pinte de lait au dépanneur.

Cela dit, à peine commence-t-on à voir des murailles de boîtes postales dans le quartier Sud-Ouest à Montréal, que déjà c’est un désastre sur le plan visuel. Postes Canada est en train d’enlaidir le paysage urbain à un moment où de nombreux citoyens font des pieds et des mains pour embellir leur quartier grâce à des ruelles vertes, des murales et des saillies de trottoirs végétalisées.

Jusqu’à quel point dérangent-elles? À Calgary, des courtiers immobiliers affirment que l’implantation de ces hippopotames métalliques commence à affecter la valeur des propriétés, tel que rapporté par Global News. Certains assurent même avoir perdu des ventes à cause de l’apparition de ces boîtes aux lettres, qui attirent graffiteurs et publicité sauvage.

Pourtant, avec un peu de bonne volonté, Montréal et Postes Canada pourraient y trouver leur compte tout en contribuant à la vitalité économique de certains quartiers. Comment? En louant, par exemple, des espaces commerciaux où l’on pourrait concentrer les boîtes communautaires, et surtout, les camoufler. Tel un guichet bancaire, le lieu serait à l’abri des intempéries et accessible en tout temps. Cette stratégie pourrait notamment bénéficier aux PME des artères commerciales en générant un achalandage naturel.

Cette idée a notamment été évoquée pour la Rive-Nord, dans le Vieux-Terrebonne, où la société d’État n’a pas trouvé suffisamment d’espace pour ses boîtes sur la voie publique. Pourquoi ne pas adopter cette idée sur l’île? À Postes Canada, on me confirme que des discussions ont déjà été amorcées en ce sens à Toronto et à Vancouver, mais qu’à Montréal, les élus n’ont toujours pas répondu à l’appel.

Autre option: implanter certains points de collecte à l’intérieur des édicules du métro de Montréal. Plusieurs d’entre eux sont suffisamment spacieux au niveau de la rue et pourraient accueillir des dizaines de boîtes communautaires. Londres teste d’ailleurs des initiatives similaires dans ses souterrains avec des entreprises comme Amazon. De plus, en louant des espaces à la STM, Postes Canada contribuerait, par la bande, au financement du transport collectif. Voilà une belle façon de s’impliquer localement.

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