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La campagne s’amuse

Photo: Jacques Boissinot/La Presse canadienne

Ce n’est pas la première fois qu’un slogan sonne faux. Celui du PQ – «Plus fort, plus prospère, plus indépendant, plus accueillant» – n’est pas seulement faux, il est baveux et insensible.

Normalement, on ne se dit pas accueillant: on laisse à ceux qu’on accueille le soin de nous définir comme tel. Or, selon un sondage réalisé par EKOS pour le compte de Radio-Canada, 51% des allophones croient que la charte minera la cohésion sociale, et 74% d’entre eux croient qu’elle favorisera la montée de sentiments antimusulmans. Lors d’un reportage sur l’entreprise d’insertion pour femmes immigrantes Les Petites mains, j’ai compris que le débat sur la charte des valeurs créait beaucoup d’anxiété dans cette population vulnérable.

Le PQ, accueillant? Bien sûr! Aussi accueillant qu’une IPL d’Unité 9 lors d’une insertion en milieu carcéral, genre. Après tout, on parle d’un parti qui demande un mandat majoritaire pour sceller le sort des minorités, parmi lesquelles un grand nombre de nouveaux arrivants, en une simple élection. Même des gens qui sont nés ici ne se sentent plus accueillis chez eux!

Pour le reste du slogan, je laisse aux économistes le soin de confirmer ou d’infirmer que le Québec est plus prospère.

J’en doute. Mais il n’est certainement pas en voie d’être plus fort, ni plus indépendant. Il ne m’a jamais semblé plus divisé, plus insécure, plus loin de l’indépendance que depuis que le PQ est au pouvoir.

Quant à Mme Marois, elle semble plus déterminée que jamais. Mais à quoi? Déterminée à trahir ses promesses? À virer son capot de bord? À gagner les élections sur le dos des minorités? Alors qu’un sondage Ekos de CBC fait ressortir que la question la plus importante, à 43%, parmi les francophones, est l’économie et l’emploi, même le slogan démago du PLQ sur les «vraies affaires» paraît plus… vrai.

Mais il n’y a rien de surprenant à ce qu’un vieux parti se réclame exactement du contraire de ce qu’il est réellement. Stratégiquement, ça fonctionne. C’est bien connu: les publicités vantent toujours les longues heures d’ouverture des banques ouvertes le moins longtemps et les céréales vraiment «santé» ne sont pas tant celles qui prétendent l’être. On se livre apparemment au même exercice en marketing politique.

Malhonnête? Pas grave. À la guerre comme à la guerre. Après tout, on ne se cache plus de faire de la politique spectacle: le metteur en scène Yves Desgagnés s’est même engagé pour une deuxième fois à «scénariser» la campagne, et une brochette de vedettes est prévue au programme. Hope you’ll enjoy the show.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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