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La fiction de Gab Roy

Photo: Radio-Canada

Dans une entrevue réalisée par Benoît Dutrizac avec Gab Roy lundi – une entrevue qui n’élevait moralement ni l’animateur, ni sa victime –, le blogueur poursuivi par Mariloup Wolfe pour 300 000 $ se réclamait de la littérature pour justifier le débordement qui lui a valu déjà passablement cher. «C’est une œuvre de fiction», disait-il en substance, après s’être fait savonner la langue par le Franc-Tireur du 98,5.

Le recours à la fiction est probablement une posture qui se défend, même si toute ressemblance avec une personne réelle n’est pas fortuite. Si l’«offre» de viol est bel et bien imaginée (on s’entend que ça ne vaut pas un Goncourt), les personnages, eux, sont bien réels. Mais sur les réseaux sociaux, on se battra jusqu’à la mort pour que Gab Roy ait le droit de dire les niaiseries qu’il a dites tout en les désapprouvant, en citant ou non Voltaire.

L’affaire Gab Roy (l’affaire Gab Roy no 628, disons), ce n’est pas une affaire de liberté d’expression. Ce n’est pas non plus une affaire de culture du viol. En fait, si, c’en est une, mais ce n’est pas ça qui vaut 300 000 $.

Ce qui vaut peut-être 300 000 $, c’est la dignité de Mariloup Wolfe.

On peut faire des blagues de viol. Et en subir les conséquences. Le bar Nacho Libre a appris à ses dépens (si faire parler de soi comme jamais auparavant est une si mauvaise chose) qu’un spécial «drague et chloroforme» n’attirerait pas des hordes de féministes dans ses ladie’s night. Gab Roy, lui, a perdu pas mal toutes ses jobines et on m’indique qu’il se serait résolu à se recycler dans l’industrie de la pornographie. Pas nécessairement comme acteur.

On peut faire des blagues pas fines sur n’importe quelle personnalité publique. Le bottin 1988 de l’UDA au grand complet est passé sous l’œil pas tellement complaisant des Rock et Belles Oreilles. On peut rire de Josée Chouinard qui tombe en patin parce que c’est une patineuse. On peut rire de Nathalie Petrowski qui s’emporte parce que c’est pas mal ce qu’elle fait, s’emporter. On peut rire du monsieur qui animait la messe en langage des signes à la télé communautaire parce que, quand Yves P. Pelletier l’imite, c’est très drôle, même si ça fait un pied de nez à la rectitude politique.

Mais comment Gab Roy a pu en arriver à penser que Mariloup Wolfe méritait d’être décrite dans toutes les positions dégradantes imaginables? Cela reste un mystère. À la limite, il aurait été légitime de croire qu’une Anne-Marie Losique aurait été plus réceptive, si l’attaque avait été portée contre elle. Alors que le sexe est son fonds de commerce, celui de Mariloup Wolfe est la gentillesse et le consensus. Mais dorénavant, quand on «googlera» «Mariloup Wolfe», on tombera forcément sur la déjection de Gab Roy. Une affaire que Mariloup Wolfe n’a ni demandée, ni appelée, ni méritée. C’est peut-être ça qui vaut 300 000 $.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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