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Les nouvelles féministes

Depuis quelque temps, je suis appelée à m’exprimer sur les nouvelles formes de féminisme. Je trouve ça super stimulant parce que je me considère moi-même féministe depuis pas si longtemps. Et avec les débats récents sur la charte des valeurs, la décriminalisation de la prostitution, les FEMEN, la culture du viol et les mini-miss, il n’a jamais fait aussi bon être féministe.

Les enjeux donnent lieu à des débats et on a constaté, ô joie, qu’il n’y avait pas qu’une seule forme de féminisme, mais plusieurs. Il y a des inclusives, des radicales, des intersectionnelles, des paternalistes (oui oui), des abolitionnistes, des libertariennes, il y en a vraiment pour tous les goûts, et même si on n’est pas toujours d’accord, la plupart du temps, on reste parlables. C’est dans ce contexte que j’ai fait la connaissance d’une nouvelle sorte de féministe : la mascuféministe.

Ne s’identifiant au féminisme qu’à travers le projet de charte des valeurs du PQ, la mascuféministe croit que la seule mission possible du féminisme en 2014 est de «sauver» les femmes des autres pays, parce que franchement, la femme occidentale, elle, ne subit aucune oppression ou discrimination. Attention : toutes les féministes pro-charte ne sont pas des mascuféministes, mais celles qui répondent en plus aux critères suivants le sont.

La mascuféministe croit que l’on suggère nécessairement l’application de quotas quand on dénonce l’existence d’un plafond de verre et elle panique devant cette menace de discrimination positive. La mascuféministe nous regarde avec un point d’interrogation dans les yeux lorsqu’on évoque la possibilité qu’une socialisation genrée soit à l’origine desdits plafonds de verre. Voyez, on n’a même pas parlé de quotas. La mascuféministe remet en question la pertinence de la Journée de la femme.

La mascuféministe se félicite d’avoir réussi dans un milieu d’hommes et croit qu’avec un peu de volonté, tout est possible. Go, fille! Elle rétorque que les hommes aussi sont victimes de violence conjugale quand on la questionne sur la violence domestique que subissent les femmes. C’est vrai que les hommes sont aussi victimes de violence conjugale, ça existe, je vous l’accorde. Mais voulez-vous que je vous sorte des chiffres? Évidemment, c’est correct, de remettre tout ça en question. C’est correct de privilégier l’égalité des sexes plutôt que la domination des femmes. Loin de moi l’idée de contester à ce type de discours sa légitimité.

C’est juste qu’il me semble curieux que ces nouvelles féministes, nées au moment du dépôt d’une loi qui empêchera certaines femmes de travailler, adoptent la plupart du temps exactement le même discours que… les masculinistes.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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