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Le syndrome de Peter Mackay

Photo: The Canadian Press

On dit des adultes qui refusent de vieillir qu’ils souffrent du syndrome de Peter Pan. On pourra maintenant parler du syndrome de Peter Mackay pour décrire ceux qui refusent de mettre de côté les valeurs des années 1950.

La semaine dernière, quand le ministre de la Justice a expliqué le manque de diversité dans la magistrature en disant que les femmes étaient trop liées à leurs enfants pour poser leur candidature à des postes de juge, je n’ai pas cru bon commenter. Tout avait déjà été dit et, franchement, j’étais plus satisfaite de constater l’indignation généralisée à l’égard de tels propos que j’étais fâchée des propos en tant que tels.

Ça me disait que si, dans les faits, les femmes sont encore aujourd’hui plus susceptibles que les hommes de mettre leur carrière de côté pour s’occuper des enfants, en principe, mes concitoyens ne veulent pas que cette réalité soit érigée en fatalité. À ma connaissance, du moins, il n’y a pas eu d’animateur de radio jambon pour dire que c’est ben vrai, dans l’fond, que les femmes préfèrent torcher les p’tits et que c’est aussi bien de même.

En fait, j’étais étonnée de constater le rejet massif, autant par des hommes que par des femmes, de ces idées patriarcales qui gouvernent pourtant encore nos vies sans que l’on s’en émeuve.

Qu’il s’agisse des gros yeux que fait un employeur devant un nouveau congé de maternité à gérer ou du jugement qu’on porte envers une mère qui décide de prendre la garde des enfants à temps partiel pour mettre sa carrière de l’avant, qu’un blogue de maman fasse l’éloge des qualités intrinsèques du père (autorité, sang-froid et assurance) ou que Lego lance une collection genrée grâce à laquelle les fillettes peuvent se projeter dans un avenir où elles seront coiffeuses, magasineuses compulsives ou femmes au foyer.

Des choses comme ça se passent tous les jours sans que l’on s’indigne. La preuve: ces courriels envoyés par Peter Mackay à l’occasion des fêtes des Mères et des Pères – ceux qui soulignent le double emploi des mères et la superbe des pères, ces influenceurs de leaders de demain – n’étaient-ils pas passés inaperçus jusqu’à ce que quelqu’un fasse le lien entre le premier courriel, le second, puis la bourde sexiste du ministre?

Cette mentalité existe, et Peter Mackay n’est pas une exception. Plusieurs hommes et femmes continuent sans s’en rendre compte de perpétuer les valeurs que l’on croyait restées dans les années 1950. Les courriels de Mackay ne sont qu’une illustration de la manière dont cette mentalité s’immisce subtilement dans le discours: c’est quand on les met côte à côte, qu’on se rend compte de ce qui nous sépare de la véritable égalité homme- femme. Pris séparément, ils passent comme lettre à la poste, ne détonnant absolument pas au milieu des stéréotypes qu’on s’enfile quotidiennement.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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