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Les filles contre les gars (encore)

Photo: ckler.com

L’auteure Martine Delvaux répondait avec beaucoup de pédagogie ce matin à l’inquiétude d’une mère de deux garçons face à l’intransigeance qu’elle perçoit chez les filles. Dans cette lettre, la belle-mère reprochait à l’amoureuse d’un de ses fils une attitude de princesse et implorait aux parents de filles de changer la donne.

En lisant la lettre, je me suis dit que la pauvre femme était tombée sur une mauvaise bru. Je me suis aussi dit que ce cri du cœur de mère, aussi confus soit-il, devait refléter l’inquiétude d’autres parents qui voient leurs garçons déboussolés dans un monde qui a évolué plus rapidement que les contes de princes charmants que l’on continue à présenter aux enfants dès leur plus jeune âge. Et, comme je le pense toujours, ce n’est pas parce qu’une inquiétude est infondée qu’il ne faut pas y répondre. Ce que Martine Delvaux a fait en remplaçant judicieusement des clichés qui ont dû sonner comme de la musique aux oreilles des masculinistes par une conception beaucoup moins fermée des rôles.

Il est compréhensible, dans un monde en mutation où les rôles tendent à être de moins en moins définis en fonction des genres, que l’on se heurte à quelques résistances, à quelques inquiétudes. Ici, l’inquiétude de la mère était que l’indépendance féminine se fasse au détriment des garçons et que ces derniers se tannent. Il serait beaucoup plus simple, comme le suggère Martine Delvaux, qu’on laisse tout simplement tomber ce binarisme sexuel. Que l’on cesse de concevoir les filles et les garçons comme deux entités opposées, puisque l’on sait très bien que sur le continuum de l’identité de genre, il y a une pléthore de possibilités, qu’on ne sait même plus comment définir, puisqu’en disant qu’une fille est tom boy, on est encore en train de renforcer ces stéréotypes de genre.

Il me semble évident que nous serions tous plus heureux sans ces étiquettes, y compris les garçons de madame Lemire, qui pourraient exprimer leur galanterie envers qui leur plaît, et se faire ouvrir la porte en retour par un élégant barbu ou une preuse chevalière. Il me semble que nous aurions tous un sentiment plus grand de liberté et de plénitude si nous n’avions pas à répondre à des attentes qui sont organisées non pas autour de notre personnalité propre, mais définis arbitrairement en fonction d’un genre principalement attribué par des organes génitaux.

Parfois, je me permets de rêver qu’un jour, je raconterai à mes petits enfants que dans mon temps, même des boutiques comme Urban Outfitters ou Little Burgundy avait des sections différentes pour les hommes et pour les femmes, qu’une femme semait la pagaille lorsqu’elle montrait ses seins en public, même si on déchirait notre chemise pour qu’elle ne porte pas de voile, que les lieux publics avaient des toilettes séparées par sexe, que les produits de beauté étaient genrés et que maquillage, jupe et talons hauts étaient réservés aux femmes.

Je sais que je viens probablement d’en perdre quelques-uns ici. Lorsqu’on s’adresse à un public familier avec les théories du genre, ces idées apparaissent comme des évidences. Mais si je parle de binarité à ma mère, elle va encore dire que je sors mes grands mots… Je me demande bien pourtant ce qui nous retient de lâcher prise sur cette division du monde qui rend tout le monde si malheureux. Sauf eux.

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