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Le monde change, faudra s’y faire

Photo: Getty Images/iStockphoto

Avant d’enfiler plusieurs malaises et autres grognements sur le plateau de l’émission 125 Marie-Anne, dimanche soir, Daniel Pinard a déclaré que passé 70 ans, on ne devrait plus avoir le droit de vote. Il fallait que les malaises soient bien grands pour voler la vedette à une affirmation aussi controversée. L’explication bon-enfant de l’ex-animateur de 72 ans, en substance: il est impensable que j’aie un mot à dire sur l’avenir de ceux qui me suivent.

Évidemment, l’idée de retirer le droit de vote aux septuagénaires est absurde. D’abord, il ne faut pas mettre tous les vieux dans le même panier: il y en a qui peuvent encore animer des émissions pendant dix heures aux côtés de Julie Snyder, d’autres qu’on ne devrait plus jamais inviter à la télévision. Mais il n’est pas fou de penser qu’un fossé se creuse entre le monde que veulent nous léguer les vieux, et celui dont les jeunes ont envie.

Pas étonnant que sur ce même plateau, quelques semaines plus tôt, notre grande Janette Bertrand disait que les jeunes n’avaient plus de respect envers les personnes âgées. Sur celui de Pénélope McQuade, Denise Bombardier nous faisait part de sa théorie des classes d’âge: les jeunes doivent écouter ce que les vieux ont à dire pour créer un monde à leur image.

Je comprends le malaise de nos grands sages de voir le monde évoluer, pas toujours comme ils le souhaitent, sans qu’ils puissent y faire quoique ce soit. Je comprends leur sentiment de ne pas être écoutés. Je les invite à se rappeler du monde dont ils rêvaient lorsqu’ils avaient 20 ans et chantaient «c’est le début d’un temps nouveau»: pas le même que celui de leurs parents. Le monde change. Généralement plus à l’image de ceux à qui il reste plus d’années devant qu’il n’y a d’années derrière. Il faudra s’y faire.

Non seulement le monde change, mais, la nature ayant horreur du vide, le monde évolue en fonction des trous qu’on y laisse. Ce dont les générations précédentes ne se sont pas occupées risque de passer dans le tordeur des générations qui suivent.

J’ai trouvé ce matin dans La Presse une métaphore représentative de ce cycle du changement. Uber sonnera-t-il le glas du taxi? questionnait le titre. L’entreprise Uber, qui a trouvé une solution collaborative à un problème de déplacement urbain, serait, selon ce dossier, en train de menacer toute l’industrie du transport tarifé et bientôt, des individus lambda pourraient s’adonner au covoiturage de manière nonchalante. Au fond, ce qu’on apprend, c’est qu’une solution créative est en train de mettre en péril une industrie poussiéreuse qui ne s’était jamais remise en question et qui n’avait jamais cru bon de trouver un meilleur moyen que la répartition téléphonique pour attribuer une voiture à un client, ou que le paiement cash. Faut-il s’étonner qu’une entreprise, agressive, soit, s’attaque à ce marché laissé en friche? Les jeunes collaborent, c’est leur mode de fonctionnement. Et ça va changer, peu importe à quel point les générations d’avant sont attachées à leur système de taxi.

Évidemment, je ne suis pas en train de comparer nos vieux à l’industrie du taxi. Je crois qu’ils ont beaucoup plus à offrir. S’ils prennent la peine, eux aussi, d’écouter les jeunes.

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