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Une partie de ballons d’essai

En cette période de grande remise en question des programmes publics, les Québécois commencent à devenir familiers avec le concept de ballon d’essai. Ces fuites d’informations sur les intentions du gouvernement, savamment orchestrées par de malins spin doctors dans le but de sonder l’humeur de la population sans l’aide de Léger et Léger, se succèdent depuis quelques jours.

Ces ballons se reconnaissent, dans la rumeur populaire, à la façon dont ils sont introduits : «Ça a l’air qu’ils vont.» Ainsi, ça a l’air qu’ils vont augmenter les frais de garderie, ça a l’air qu’ils vont réduire la durée des congés parentaux, ça a l’air qu’ils vont fermer les conservatoires. Ça a aussi l’air que les écoles sont laissées à l’état de tiers-monde, mais ça, c’est pas un ballon d’essai. C’est la réalité.

Le reste a tellement l’air de ballons d’essai que le premier ministre, cachant bien son jeu en fin renard qu’il est, a déclaré en avoir ras le bol que des fonctionnaires coulent ainsi de l’information. C’est un peu comme quand quelqu’un fait semblant d’être fâché qu’on ait fait la vaisselle pendant qu’il était parti très longtemps aux toilettes. «Vous auriez pas dû! Avoir su, j’aurais pas fait trois sudokus!»

Personnellement, je tente de garder mon calme, même si je crois fermement en la pertinence des conservatoires et en l’importance de soutenir les familles. Je ne suis pas indifférente à ces menaces de coupes dans ce qui fait la particularité du Québec. Mais je me méfie surtout de l’utilité de ces ballons. Au fond, ça sert à quoi de nous faire des peurs? À semer la panique? À nous plonger dans un sentiment d’insécurité? L’effet probablement souhaité de ces fausses vraies annonces est de créer un décalage entre les attentes à la faveur du gouvernement. Par exemple, si le gouvernement menace d’augmenter les tarifs des garderies et d’écourter les congés parentaux, on sera sûrement heureux d’apprendre très bientôt qu’il aura la bonté de ne s’attaquer qu’à un de ces deux programmes.

Mais revenons-en à l’utilité première du ballon d’essai : tâter le pouls de la population. Ce pouls bat bien sûr à la cadence des associations, groupes d’intérêts et autres personnes suivant les dossiers d’assez près pour avoir leur petite idée sur la manière on pourrait améliorer l’appareil public. Mais depuis quelque temps, avec des consultations populaires comme celle que nous avait donnée le PQ au sujet de sa charte ou celle de Martin Coiteux sur la révision des programmes, ce que l’on semble vouloir tâter, c’est la rumeur populaire.

On a tous notre petite idée de ce qu’il faudrait faire pour améliorer l’état des finances publiques, mais quand Jay989 estime qu’on devrait «Fermer ça au plus vite, les conservatoires» et que «C’est drôle d’entendre ceux qui chialent contre cette nouvelle alors qu’eux-mêmes n’y vont même pas une fois par année!», permettez-moi de considérer que certaines idées sont moins éclairées que d’autres.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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