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Hello Montreal!

Je suis loin d’être une police de la langue. Je suis la première à rouler les yeux quand j’entends quelqu’un revendiquer agressivement d’être servi «en français SVP!» et je m’inscris généralement en faux contre le discours insécure (un anglicisme, je sais) à l’égard de ceux qui «veulent pas parler not’langue».

Lors d’un voyage récent, l’agent de bord devant nous indiquer la marche à suivre en cas d’explosion d’avion ou autre pépin nous a demandé si nous voulions les explications en anglais ou en français. Comme la majorité des passagers de la section «sortie de secours» étaient anglophones, je lui ai dit qu’il pouvait procéder en anglais. «C’est votre droit d’avoir la ritournelle en français», m’a-t-il dit. [L’expression «ritournelle» est de moi.] C’est aussi mon droit de ne pas passer le double du temps à me faire expliquer comment je vais mourir si le moteur tombe en panne. Me faire rappeler que j’y ai droit et sentir qu’on a la compétence et la volonté requises pour honorer ce droit me suffit.

J’ai toutefois été surprise, à mon retour de vacances, de constater qu’on n’avait pas fait plus de cas que ça de l’entrevue que P.K. Subban a accordée à Éric Salvail lors de la première d’En mode Salvail. On a ri de l’accent d’Éric, on n’en est pas revenus des 5-6 mots que P.K. a prononcés en français, on a loué le charisme du joueur de hockey, on a reconnu – avec raison – la qualité de cette première d’En mode Salvail, mais on ne s’est pas formalisés du fait que pour la première fois, à ma connaissance du moins, une entrevue télévisée se déroulait uniquement en anglais, sans sous-titres et sans traductions subséquentes. Je n’irai pas jusqu’à employer la formule dramatique de «dangereux précédent», mais disons qu’il s’agit d’un précédent qu’il vaudrait mieux ne pas répéter.

Je sais, c’est gossant, les entrevues traduites. Ça fait perdre du temps d’entrevue, c’est jamais exactement bien traduit, et on se dit qu’on fait ça en vain parce que la plupart des téléspectateurs comprennent de toute façon. Sauf que non, en fait. Si c’était le cas, il n’y aurait pas autant de téléspectateurs endureraient les horribles traductions de séries américaines. C’est pour ça, mais aussi, j’imagine, un peu par principe, que les animateurs québécois se sont toujours astreints à ce douloureux exercice, à MusiquePlus comme à Radio-Canada, à V comme à Historia.

Je peux comprendre qu’Éric Salvail ait voulu rendre son entrevue plus dynamique, ce qui fut réussi. Mais ce qui m’étonne, c’est qu’avec tout l’amour que l’animateur semble éprouver depuis toujours pour son public, il ait fait le choix ce soir-là d’en exclure une partie. Pas son genre.

C’eût aussi été l’occasion pour l’organisation du Canadien de montrer que le joueur qu’on passera les huit prochains hivers à admirer maîtrise le français, mais semblerait que «Je suis très content d’être ici ce soir» suffirait à certains pour broder un C sur son chandail.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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