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À la population de décider

PKP a bénéficié de la longue fin de semaine de l’Action de Grâce, qui a fait s’estomper la polémique autour de ses parts dans l’entreprise Québecor. C’était pourtant le sujet de toutes les tribunes radio vendredi dernier. L’une d’elles donnait la parole à l’historien Éric Bédard. Le professeur y est allé d’une proposition fort convaincante : «Ce sera à la population de juger.»

Je suis certaine que cette conclusion en a conforté plusieurs, notamment ceux qui, à en croire la tribune téléphonique qui a suivi, semblent prier pour se faire embobiner. Une dame affirmait de PKP qu’il allait enfin «faire des Québécois autre chose que des petits minables» et poursuivait en affirmant : «Qu’il fasse ce qu’il voudra, s’il est là, je suis d’accord.» Vous jugerez peut-être qu’il est méprisant de souligner l’aveuglement volontaire (ou non) de cette simple auditrice, mais ce déni n’est pas totalement différent de celui exercé par des politiciens aguerris. Bernard Landry, qui serait monté au front pour moins que ça s’il s’eût été agi d’un député libéral, défendait à cette même tribune PKP et discréditait Jean-François Lisée aussi subtilement qu’un enfant qui dit n’avoir pas mangé de chocolat et qui en a les lèvres barbouillées.

Mais laissons donc, comme le proposait M. Bédard, la population juger. En effet, n’y a-t-il pas plus noble principe que la démocratie pour déterminer de la valeur d’un candidat à la plus haute fonction politique? La réponse est oui, quand toutes les conditions de la démocratie sont réunies. Et c’est justement ce qui achoppe avec la situation apparemment conflictuelle de PKP. Comment le public peut-il faire un choix éclairé, si les moyens dont il dispose pour s’informer sont viciés, en réalité ou ne serait-ce qu’en apparence?

Ce n’est pas comme si PKP n’avait pas un historique d’ingérence dans le contenu de ses médias. Déjà, une partie du commentariat au sein de l’empire peine à faire preuve de retenue dans son extase devant le grand patron. Si certains se gardent une petite gêne, d’autres n’hésitent pas à élever le messie du PQ au rang de héros mythique «porté par une exigence de grandeur» et à le qualifier d’«homme d’exception».

Chaque fois qu’on remet en question la probité de PKP, il s’en trouve pour dire que les Desmarais font bien pire depuis des années avec Gesca et qu’on ne s’en formalise pas. Dans un monde idéal, ces convergences n’existeraient pas et tous seraient indépendants. Ce n’est d’ailleurs pas parce qu’on dénonce une entreprise qu’on absout les autres. Dans le cas qui nous intéresse, toutefois, une personne souhaite briguer un poste dont l’obtention est en partie tributaire du quatrième pouvoir, sur lequel elle maintient une certaine autorité. Et lorsqu’un gouvernement ainsi élu prendra des décisions controversées, qui fera contrepoids au discours gouvernemental?

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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