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Du particulier au général

Photo: Justin Tang/La Presse canadienne

Fou d’Allah ou fou tout court? On semble vouloir départager la population entre ceux qui croient que les gestes de violence posés à Saint-Jean-sur-Richelieu lundi et à Ottawa mercredi sont le résultat prévisible d’un laxisme envers les «religions venues d’ailleurs» et ceux qui croient plutôt que ces tragédies sont le fait d’une folie inexplicable. Les premiers seront traités de racistes ou au mieux d’intolérants, les seconds de bienpensants naïfs. Tout le monde sera fâché et il n’y aura sans doute jamais de réponse claire et consensuelle à cette question.

Une question que nous pourrions tous nous poser, par contre, est Pourquoi y a-t-il urgence à pointer du doigt dans une direction ou dans l’autre? Et pourquoi, surtout, mettre les choses dans des cases hermétiques? Les racines du mal sont multiples et aucune ne saurait se résumer simplement. On répondra qu’il est nécessaire de se pencher sur les causes d’un problème pour les éradiquer. Ce sera fait, sans doute, par les personnes compétentes qui auront à analyser les tenants et aboutissants de ces tragédies. Pour le reste, on peut déjà tirer des leçons de tragédies similaires perpétrées dans le passé, comme le fait mon collègue Jérôme Lussier.

«Tous sont libres de tirer leurs propres conclusions et enseignements de ces tragédies. Cela dit, expliquer les attentats en se limitant à évoquer les croyances de leur auteur, c’est peut-être confondre la fin et le commencement de l’histoire», conclut-il pour sa part.

L’humain est pourtant ainsi fait qu’il tire plus facilement des conclusions à partir de ce qu’il constate en premier. Il forme des associations simples à partir des éléments qu’on lui fournit, ou que son cerveau conçoit. Il élève en principes généraux des éléments particuliers. C’est ainsi qu’une personne qui a été mordue par un chien à l’âge de cinq ans pourra poursuivre sa vie en étant convaincue que les chiens sont dangereux, sans que cela ne soit rationnel. Une personne ayant vécu sous le joug de la religion dans les années 60 pourra entretenir une haine généralisée envers toute personne qui incarne pour elle la religion. C’est ainsi, aussi, que se construit le racisme. En généralisant le particulier sur la base de caractéristiques distinctives. Quand un vol est commis par un caucasien, on ne dira jamais que l’individu en question «nuit à la réputation de sa race», de la même façon qu’on ne demande pas à toutes les personnes de descendance judéo-chrétienne de se dissocier d’âneries commises au nom de Jésus, ce que certaines personnes attendent en ce moment des «bons musulmans».

Mais surtout, tout ça n’a rien de constructif et ne peut qu’engendrer stigmatisation et replis, qui sont parmi les terreaux les plus fertiles de la violence et de la haine.

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