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À quand une vraie laïcité?

Durant le débat sur la charte des valeurs québécoises, certains individus n’ayant visiblement pas accès à un tas de nuances ont tracé une ligne factice entre ceux qui voulaient la laïcité et les autres, qui ne voulaient rien savoir de la charte à Drainville. Pourtant, il se trouvait du côté des opposants à cette charte de farouches défenseurs d’une laïcité de l’État. Seulement, cette laïcité n’impliquait pas la discrimination de travailleurs du secteur public – surtout des femmes – sur la base de critères identitaires.

Parmi ces opposants à la charte, il y en avait même qui poussaient l’audace jusqu’à dire que cette charte, au fond, n’allait pas assez loin. Que si l’on voulait véritablement d’un État laïc, retirer les hijabs aux infirmières était superficiel, en plus d’être superflu. Qu’avant d’instaurer une laïcité de mascarade, l’État ferait mieux de se pencher sur de véritables entorses à la laïcité, comme les passe-droits fiscaux accordés à des organisations religieuses – catholiques comme musulmanes, juives ou rastafariennes – qui ne respectent pas l’égalité homme-femme, ou encore les écoles confessionnelles.

Hier, un citoyen québécois issu d’une communauté hassidique déposait une mise en demeure réclamant 1,25 M$ à la DPJ, au ministère de l’Éducation, à la Commission scolaire de la Seigneurie des Mille-Îles et aux écoles confessionnelles qu’il a fréquentées sans pourtant acquérir des connaissances de base. Selon la journaliste Émilie Dubreuil, qui a sorti la nouvelle à Radio-Canada, l’homme ne savait même pas quel était cet imposant cours d’eau qu’il traversait via le pont Champlain.

L’homme affirme aujourd’hui avoir de la difficulté à trouver un emploi.

Malgré les multiples enquêtes révélant l’existence d’écoles religieuses illégales – subventionnées ou non –, aucun gouvernement ne s’est véritablement attaqué à la problématique. Pas plus celui du PQ, qui pensait incarner la laïcité en laissant le crucifix à l’Assemblée nationale, que celui des libéraux. Récemment, le ministre de l’Éducation Yves Bolduc proposait la solution la plus absurde à un cas d’école récalcitrante : l’enseignement à la maison des matières académiques en dehors des heures passées à apprendre la Torah à l’école. Selon cette idée de génie, les parents de ces enfants devront leur enseigner des matières dont ils possèdent eux-mêmes une maîtrise assez sommaire.

Hier, un citoyen québécois déposait une mise en demeure. Le gouvernement attend-il qu’un recours collectif lui tombe dessus pour s’assurer que chaque enfant ait accès à une éducation séculière de base? On a vu l’automne dernier qu’il fallait très peu de courage politique pour imposer une conception très étroite de la laïcité à des minorités vulnérables. Il semble en falloir bien plus pour protéger les enfants grandissant au sein de minorités dont on fait bien peu de cas, au fond, pourvu qu’elles restent chez elles et qu’elles ne dérangent pas trop.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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