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Prendre sur soi

Gabriel Nadeau-Dubois nous a offert une grande leçon de prise en charge en contrant l’apathie des Québécois à l’égard de la puissance des pétrolières.

On dit souvent que les Québécois sont passifs. Je dis les Québécois, mais je suis certaine que les Bulgares, les Finlandais ou les New-Yorkais disent la même chose d’eux-mêmes. On dit souvent, donc, que les gens sont passifs. Ils rouspètent devant les coupures à Radio-Canada, chialent dans leur salon contre les pétrolières, fulminent contre le saccage des politiques familiales, et continuent leur train train. On se les imagine regardant les infos, poussant un long soupir devant des décisions prises à l’encontre du bien commun, puis se caler plus profondément dans leur sofa.

Cette apathie peut donner l’impression qu’au fond, les enjeux qui les préoccupent ne sont pas si importants que ça. Pas au point, du moins, de lever leurs gros derrières pour faire changer les choses. M’est d’avis qu’aussi importants soient pour eux les enjeux, c’est la taille du défi qui les accable. Qu’ils se sentent impuissants devant les décisions qui se prennent au-dessus de leurs têtes et qu’ils ne savent pas par où commencer pour «changer le monde».

Que peut l’individu ordinaire devant la puissance financière des compagnies pétrolières? Comment peut-il influencer le cours des choses pendant que des multimillionnaires ont un accès direct aux décideurs publics? Quel poids aura sa parole auprès de son député et, de toute façon, quel poids a vraiment son député dans les décisions politiques?

L’individu ordinaire peut écrire des lettres aux journaux, manifester lorsqu’on lui en donne l’occasion, partir une pétition citoyenne, s’exciter sur Twitter. Mais on conviendra que ses moyens sont plutôt limités compte tenu de la grandeur de la tâche à accomplir.

Hier soir, en remettant sa bourse de 25 000$ à Coule pas chez nous, Gabriel Nadeau-Dubois nous a donné une bonne leçon de ce qu’il est possible de faire pour changer les choses. Il a pris sur lui d’agir sur cet enjeu qui lui apparaît important. Bien sûr, nous n’avons pas tous une bourse de 25 000$, de la crédibilité médiatique et une tribune comme Tout le monde en parle à portée de main. Mais ce qu’il nous a montré, c’est que devant un dilemme individuel, il est possible d’agir en fonction du bien commun.

25 000$, pour contrer les oléoducs, ce n’est pas grand chose. Mais hier soir, pendant qu’on rêvait aux grandes choses que l’on pourrait faire avec 25 000$ (rénover sa cuisine, acheter une nouvelle voiture ou mettre un acompte sur un chalet), ce jeune homme prenait la décision de prioriser le bien commun. Cette décision individuelle inspirante a certainement été un facteur multiplicateur. Les Québécois, aussi passifs soient-ils, ont presque octuplé la mise à l’heure d’écrire ses lignes.

Pour finir, ce n’est pas vrai qu’un individu ordinaire est totalement impuissant devant les politiques avec lesquelles il est en désaccord. N’est-ce pas un seul homme qui a lancé l’idée d’une marche contre les coupures à Radio-Canada? Sue Montgomery a lancé seule le mot-clic #BeenRapedNeverReported. Pour que chaque individu isolé ait le sentiment qu’il peut changer les choses, encore doit-il avoir des modèles. En voici quelques-uns qui nous permettent de mettre un peu d’eau dans le cynisme ambiant.

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