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Le mauvais complot

Je n’ai pas le mépris le plus complet envers les adeptes des théories du complot. Contrairement au citoyen apathique qui mène son traintrain quotidien et gobe les informations qu’on lui résume dans les bulletins télé le soir sans rien remettre en question, le théoricien du complot, au moins, se questionne.

Il n’a visiblement pas les bons outils pour le faire. Ses méthodes d’investigation sont enfantines. Il confond une source fiable avec un site de propagande délirant. Il estime plausibles les fantasmes de scénaristes les plus farfelus. Il ne dispose pas des compétences scientifiques nécessaires pour comprendre un enjeu complexe. Moi non plus d’ailleurs. Mais il a la certitude d’une chose : quelqu’un lui ment quelque part. Sa posture est celle du doute constant, ce qui, il faut l’admettre, est tout à son honneur.

Le problème, avec les théoriciens du complot, c’est que, dotés des mauvais outils, ils sautent sur de mauvaises conclusions. Ne pouvant s’expliquer rationnellement la présence de traces blanches dans le ciel à la suite du passage des avions, ils concluent que ces traînées sont en réalité des produits chimiques épandus pour d’obscures raisons. Ces personnes sont prêtes à déployer des énergies incroyables pour se convaincre de leur explication et consacrent pourtant peu d’efforts à acquérir des informations fondées qui les feraient dévier d’une vision hostile du monde qui, curieusement, semble les réconforter.

Le pire, c’est qu’elles ne sont pas toujours si loin du but. Les traînées blanches qui suivent les avions ne sont peut-être que l’effet de la condensation, reste que l’avion est un des modes de transport les plus polluants et que les appareils rejettent effectivement dans le ciel des tas de CO2. Pourquoi ne pas se concentrer sur ce réel enjeu? Les parents antivaccins fondent leurs craintes sur un article associant le vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons à l’autisme. L’article paru en 1998 a été presque aussitôt démenti, mais les parents antivaccins n’en démordent pas, alimentés par un manque de confiance envers une industrie pharmaceutique qui aurait plus d’avantages à produire un vaccin qu’un médicament contre la rubéole. Or, il y a tout lieu de douter, dans certaines occasions, des bonnes intentions de l’industrie pharmaceutique. Pourquoi ne pas poursuivre ses recherches en ce sens, en retenant l’aide de scientifiques compétents?

J’imagine qu’il est plus facile de croire que de comprendre, de se conter des pipes que de connaître. Dans certains domaines, il est aussi possible d’être aveuglé par une idéologie. Une idéologie politique, par exemple. Comme lorsqu’on accuse un comédien ayant commis un léger excès de langage d’être responsable de l’appauvrissement du Québec. Parce qu’on sait bien que les artistes vivent tous grassement de subventions pigées à même nos taxes, ce qui invalide bien sûr leurs prises de position publiques. Pourtant, celui qui accuse Christian Bégin n’est pas si loin du but. Il existe des entités grassement subventionnées qui appauvrissent le Québec en générant de faramineux profits tout en payant très peu d’impôts. Généralement, celles-ci n’envoient pas promener le gouvernement, par contre.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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