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La mauvaise assignation du ministre Bolduc

Photo: Archives Métro

Un ministre ne peut accumuler autant de bourdes sans raison. On a beau en rire, l’incompétence du ministre Bolduc laisse présager un problème plus grave. Le burn-out.

Il se peut que, désirant protéger sa cagnotte, un ministre refuse de rembourser une généreuse prime reçue pour un travail qu’il n’était pas en mesure d’exercer pleinement. Il peut arriver que, pour des raisons idéologiques, un ministre de l’Éducation justifie maladroitement la gestion de bouts de chandelles de ses écoles en laissant tomber qu’aucun enfant ne mourra si on cesse d’acheter de nouveaux livres. Il est possible, j’imagine, de se convaincre que des parents qui ne parlent pas le français, qui n’ont aucune connaissance en géographie, mais qui sont capables de réciter la Torah par cœur puissent scolariser leurs enfants en conformité avec le programme.

Mais comment peut-on aussi volontairement aller se mettre les pieds dans les plats qu’en affirmant que «les fouilles à nu sont légales pourvu qu’elles soient respectueuses»? Rien n’oblige pourtant le ministre de l’Éducation à entériner le comportement de tous les directeurs d’école et si l’un d’eux a dépassé ses prérogatives, il est du devoir du ministre de le condamner. Mais surtout, rien n’obligeait le ministre à parler ainsi à travers son chapeau en affirmant qu’il est tout à fait correct de demander à une élève de se déshabiller pour la fouiller alors qu’en réalité, ça ne l’est pas.

J’ai pensé un moment que le ministre s’était levé paresseux ce matin-là et qu’il avait simplement bâclé son dossier en se disant: «C’est-tu légal? Pas légal? Bah, on s’en fout, allons-y avec le gros bon sens. Next!» Et qu’il avait décidé d’annoncer la même journée des coupures à un programme favorisant l’accès des filles aux sciences et aux métiers non traditionnels, en pleine semaine de la persévérance scolaire. Mais rendu là, ce n’est plus que de la bête négligence, c’est carrément du sabotage. Surtout quand votre définition du gros bon sens vous mène à penser qu’une procédure profondément humiliante et agressive soit de l’ordre de l’acceptable.

Depuis sa nomination au poste de ministre de l’Éducation, je ne peux que m’imaginer que chacune des journées d’Yves Bolduc se termine dans un long soupir de nostalgie de l’époque où il dirigeait le ministère de la Santé. Or, les spécialistes des ressources humaines vous le diront: un travailleur mal assigné ne peut offrir son plein potentiel et peut même nuire à son organisation.

Hier, une citoyenne a lancé une pétition demandant «respectueusement» la démission du ministre Bolduc. La pétition déposée sur le site Avaaz.org n’a aucune valeur légale, mais, tout compte fait, il serait tout à fait à l’avantage du PLQ de réassigner M. Bolduc car, visiblement, il n’est pas à sa place à l’Éducation et ne fait que nuire à la réputation de ce gouvernement. Réaffecter le ministre Bolduc est peut-être le plus grand service que Philippe Couillard puisse se rendre en ce moment. S’il ne fait pas pour lui, qu’il le fasse pour la santé mentale de son ministre.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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