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Un deuxième printemps érable?

Photo: Archives Métro

Tout le monde attend le printemps avec impatience, mais certains chroniqueurs tentent d’effrayer la population en évoquant le retour du «printemps érable», des manifs, des violences et du saccage. C’est ainsi qu’est tristement résumé le soulèvement historique de 2012, qui, on tend à l’oublier, ou à l’effacer, portait en lui bien plus d’espoir que de désœuvrement. Le genre de soulèvement dont on garde des souvenirs bien plus positifs lorsqu’on l’attribue à la génération confortable et nostalgique de mai 68. Mais qu’importe. Cette fois-ci, l’heure est grave, les cagoules et les matraques sont à nos portes.

Vraiment? Sans vouloir minimiser la volonté des étudiants et des syndicalistes de changer le monde, je doute que les conditions extrêmement particulières du printemps 2012 soient en place.

Tout d’abord, les manifestations de 2012 n’étaient pas que spontanées. Elles se tramaient dans les cartons des associations étudiantes depuis au moins deux ans, comme l’explique Gabriel Nadeau-Dubois dans Tenir tête. Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais il est peu probable que les associations en place jouissent d’autant de préparation cette fois-ci, étant donné que le présent gouvernement, aussi néolibéral soit-il, n’est en place que depuis 10 mois.

Ce qu’il y avait de plus spontané, peut-être, dans ce printemps 2012, c’était la participation populaire aux manifestations. Rappelons toutefois que le gouvernement de l’époque était entaché par de nombreux scandales et que le premier ministre lui-même avait commis un lapsus en parlant d’«industrie de la corruption», tellement le mot occupait son esprit. Surtout, il s’agissait d’un gouvernement en fin de mandat, ce qui permettait à des citoyens en colère d’espérer convaincre une partie de la population de voter autrement en prenant la rue et les casseroles. Devant un gouvernement majoritaire fort, en début de mandat, on pourra bien manifester autant qu’on voudra, il faudra quand même prendre son mal en patience pour les trois prochaines années au moins.

Finalement, sans vouloir minimiser les convictions profondes des étudiants, j’aimerais rappeler que le mois de mars 2012 avait enregistré des records de chaleur dont les effets sur l’enthousiasme des troupes et l’effervescence générale ne peuvent être ignorés. Si des froids polaires n’empêchent pas les plus convaincus de manifester et qu’il faut plus que des terrasses et de la sangria pour convaincre cégépiens et universitaires de manifester leur désaccord, reste que ces conditions météo n’ont pas nui.

Si ça peut en rassurer certains, donc, il est peu probable que nous voyions les événements de 2012 se reproduire. L’idée n’est toutefois pas de rassurer qui que ce soit. Les manifestations ne sont pas inutiles. Elles sont essentielles à la démocratie, et la population doit continuer de manifester son désaccord, notamment devant le saccage du filet social qui touche bien souvent les populations les plus vulnérables. Les étudiants font bien de considérer cette participation citoyenne comme faisant partie intégrante de leur formation. Il est dommage de voir certains commentateurs la réduire à ses aspects les plus marginaux.

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