Soutenez

L’habileté politique

Il y a dans les qualités d’une personnalité politique quelque chose qui n’a rien à voir avec les idées et qui transcende la partisanerie : l’habileté politique. Cette habileté s’incarne de plusieurs manières.

On disait de Jean Chrétien qu’il était rusé et, qu’on ait été d’accord ou non avec l’homme, force est d’admettre que politiquement, il était habile. Du rapatriement de la Constitution à la commission Gomery, il aura été un vrai renard. Malgré ses maladresses linguistiques, il parvenait à ne pas trop se mettre les pieds dans les plats et, quand il le faisait, réussissait à s’en sortir sans trop d’égratignures.

Certains politiciens ne survivent pas aux gaffes. Ce fut le cas d’Yves Bolduc. Après trois balles et une prise, sa carrière politique était finie. D’autres sont plus habiles : ils peuvent accumuler les dossiers controversés, les déclarations maladroites, militer pour une chose un jour et pour son contraire le lendemain sans jamais en payer le prix politiquement. C’est le cas de Gaétan Barrette.

C’est la preuve, au fond, que ce ne sont pas les gaffes qui comptent, mais le tempérament de la personne qui les commet. Les politiciens ont besoin d’être poreux. S’ils sont trop lisses, on dira d’eux qu’ils sont beiges ou fades. Ce n’est certainement pas le cas de PKP, dont on découvre le franc-parler sur les réseaux sociaux et dont les écarts de langage rapportés («l’Assemblée nationale, c’est plate en tabarnak» ou «toi mon tabarnak je vais t’acheter») font qu’il ressemble de plus en plus, publiquement du moins, à feu son père. Alors que nous découvrons PKP le politicien, nous sommes de plus en plus aptes à saisir les habiletés politiques qui se cachaient depuis longtemps derrière l’homme d’affaires plus discret.

L’analyse de celles-ci devrait importer aux militants du PQ qui sont en train de le porter à la tête de leur parti, puisque la capacité de PKP à «faire du Québec un pays» semble supplanter tous les autres principes dans le cœur de plusieurs d’entre eux. Or, les quelques initiatives de Péladeau n’ont pas été couronnées de succès jusqu’à maintenant. Sa requête pour des chansons «en français» a fait de lui la risée générale, ses accusations à tous les vents contre le fédéralisme canadien lui donnent des airs d’adolescent qui vient tout juste de lire un livre d’histoire et, parlant de livre d’histoire, le dernier que j’ai consulté lui attribuait (à lui et à son poing brandi) la défaite du 7 avril dernier.

Pourtant, PKP s’en sort relativement indemne, et malgré une légère baisse de pointage dans les sondages, il s’apprête à remporter une majorité d’appuis au PQ. Bien sûr, ne vous attendez pas à ce que les libéraux s’attaquent à lui en pleine campagne. Ils l’attendent avec toutes leurs munitions aux prochaines élections. C’est là que nous pourrons véritablement mesurer si PKP était l’homme de la situation.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.