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L’incroyable destin de Katherine Riva

Comme bien des enfants d’origine asiatique adoptés au Québec dans les années 80-90, Katherine Riva a toujours tenté d’imaginer ce que sa vie aurait été si elle était restée dans son pays d’origine. En raison de la guerre sino-vietnamienne, ses parents biologiques se sont résolus à la confier à des sœurs missionnaires, en espérant qu’elle puisse trouver une famille qui saurait bien s’occuper d’elle. Cette famille, c’est Michelle et Michel.

À l’âge de 20 ans, Katherine a su que ses parents biologiques la cherchaient, mais ce n’est qu’à 30 ans qu’elle s’est sentie prête à entreprendre les démarches de retrouvailles. Le documentaire D’une mère à l’autre, qui sera diffusé ce soir à 19h à Canal Vie, retrace le parcours de ces retrouvailles tout à fait improbables.

Née sur un bateau entre le Vietnam et Macao en 1980, Katherine avait toujours imaginé que l’enfance qu’elle aurait pu avoir si elle n’avait pas été adoptée se serait déroulée sur les abords du Mékong, dans une famille de paysans vietnamiens modestes. Mais c’est en Chine qu’elle retrouve sa famille biologique : sa mère, mais aussi son père (qu’elle avait imaginé en soldat américain), une sœur aînée, et quatre cadets. Loin d’être des paysans, les géniteurs de Katherine sont propriétaires d’un impressionnant parc d’attraction et constituent l’une des fortunes de la région.

Mais ce qui est le plus troublant dans cette histoire, c’est à la fois le clash des valeurs qui séparent Katherine de sa famille biologique – des étrangers –, et l’énergie démesurée que semblent avoir déployé ses géniteurs pour retrouver l’enfant chérie. L’aînée, notamment, a sacrifié ses ambitions professionnelles pour aider sa mère à réaliser son objectif : retrouver Katherine.

Katherine, pour sa part, se voit dans l’incapacité de considérer ceux-ci comme les siens. Le processus narratif utilisé est d’une redoutable efficacité : Katherine raconte à ses parents d’adoption comment s’est déroulée la rencontre. On sent dans ce récit sa crainte de faire de la peine à ces derniers – qui ont l’air beaucoup trop cool pour que ça arrive – et celle de décevoir en même temps ses parents biologiques. Beaucoup trop de déchirures pour quelqu’un qui n’a rien demandé.

Ce documentaire illustre parfaitement l’importance disproportionnée que l’on accorde à la biologie dans la constitution d’une identité ou dans notre conception de ce qu’est une famille. Bien que l’histoire de Katherine soit exceptionnelle, ce qu’elle révèle sur les liens qui nous unissent les uns aux autres a quelque chose d’universel. À une époque où des milliers d’enfants issus de l’adoption internationale atteignent l’âge adulte, ce documentaire répond à des tas de question tout en en soulevant bien d’autres.

Ses seuls défauts : on en aurait pris plus que 45 minutes, et la féministe ici aurait pris un autre titre, puisque tant dans le cas de la famille d’adoption que dans la famille biologique, les pères semblaient aussi fortement impliqués. On se demande dès lors pourquoi la parentalité est réduite à la maternité, encore.

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