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Pourrait-on en revenir, du pape?

Le Vatican considère que le référendum qui a légalisé le mariage entre conjoints de même sexe en Irlande est une «défaite pour l’humanité». Il y a quelque chose de dérangeant dans l’idée que l’Irlande a confié les droits d’une minorité à l’humeur d’une majorité, mais s’il y a une raison de se réjouir de ce référendum, c’est bien que cette majorité a décidé de tourner le dos aux valeurs religieuses. Ce n’est donc pas une défaite pour l’humanité, mais une défaite pour la religion, dans un pays où on dit qu’elle est encore forte.

Récemment, on se réjouissait que le pape, dans sa grande magnanimité, décide de «tolérer» les homosexuels. Au lieu de quoi? De les lapider sur la place publique? De restreindre leurs droits? En tant qu’homosexuelle, comment devrais-je me sentir de savoir que le pape me tolère plutôt que de me condamner? Je comprends que certaines personnes soient toujours attachées personnellement à la religion, mais en tant que société, je pense que ce que le pape en pense, de l’homosexualité, on pourrait s’en balancer.

Pourtant, on continue de lui accorder beaucoup d’importance. Mercredi, le premier ministre Philippe Couillard invitait le souverain pontife à visiter Montréal pour le 375e de la ville et évaluait ses chances, après que le maire Denis Coderre lui eut rendu visite et que Stephen Harper le démarche à son tour, à 50-50, selon une entrevue accordée au Journal de Montréal. Comment peut-on se targuer de vivre dans un État laïque quand nos trois paliers de gouvernement implorent une des institutions religieuses les plus homophobes et les plus sexistes de leur faire l’honneur de sa visite?

Ces politiciens avancent que le catholicisme a laissé des traces indélébiles. Ils n’ont évidemment pas tort. Mais cela justifie-t-il une invitation aussi honorifique? Que cette religion continue à considérer les femmes et les homosexuels comme des personnes de second rang ne semble pas déranger le moindrement les Coderre, Harper et Couillard.

Pourtant, récemment, on fabriquait de nouveaux règlements pour empêcher un imam radical d’installer un centre communautaire dans le quartier Hochelaga sous prétexte qu’il propageait un discours «contraire à nos valeurs». Je me demande en quoi les valeurs du pape ressemblent, elles, aux valeurs des Québécois, si une telle chose existe. Je n’ai pas plus de respect pour les idées du pape que pour celles d’Hamza Chaoui. Ce qui m’offense, c’est qu’on porte atteinte aux libertés du second alors qu’on supplie le premier de daigner nous rendre visite.

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