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Plumes et Paillettes incluses

J’ai observé avec intérêt et enthousiasme le coming out du journaliste François Cormier, qui a habilement glissé dans une entrevue avec Jasmin Roy que la Fierté le concernait lui aussi, en tant qu’homosexuel.

Pendant longtemps, des journalistes de Radio-Canada ont tu leur orientation sexuelle, invoquant parfois leur devoir de réserve, un prétexte comme on s’en donne dans d’autres milieux où il demeure plus difficile d’afficher sa différence.

C’est le cas notamment dans l’enseignement, le sport ou les métiers traditionnellement masculins. Le geste de François Cormier s’inscrit donc dans une mouvance vers une réelle intégration des minorités sexuelles. Un mot-clic, #effetCormier, a d’ailleurs incité d’autres personnes à afficher leur orientation sexuelle sur les réseaux sociaux.

La nouvelle a aussi eu pour effet d’attirer l’attention sur l’entrevue en tant que telle, dans laquelle il a beaucoup été question de l’image projetée par le défilé de la fierté. La question n’est pas nouvelle. On se la pose chaque année : le défilé, avec ses plumes et ses paillettes, projette-t-il une image faussée de la communauté LGBT? C’est une question qui mérite certes d’être posée. C’est aussi une question à laquelle le milieu communautaire a répondu depuis belle lurette.

En somme, la réponse va comme suit : bien que les médias aient mis l’accent sur ses aspects les plus spectaculaires, le défilé de la fierté ne se résume pas aux plumes, aux paillettes et aux fesses à l’air, mais comprend aussi d’autres membres de la communauté, qu’il s’agisse des familles homoparentales, des personnes trans ou des aînés. Cela étant, bien des choses ont changé depuis l’époque où François Cormier avait 13 ou 14 ans et qu’il observait de loin les exubérances relayées au téléjournal, même si l’idée que nous en gardons ne semble pas s’être ajustée. La plupart des médias ont fait un bout de chemin et présentent une image plus diversifiée de la diversité. Des enfants, des familles, des vieux, et… des plumes et des paillettes.

Parce que, que ça plaise ou non à certains, les plumes et les paillettes, les habits de cuir, les butchs en chest et les originaux FONT partie de la communauté LGBT. Si nous voulons être acceptés pour nos différences, il faudrait déjà avoir la générosité et l’ouverture d’accepter celles des autres. La communauté LGBT ne se résume pas non plus à des hommes blancs se fondant parfaitement dans la masse. Cette composante importante de la communauté est d’ailleurs déjà largement représentée dans le Village, où son pouvoir économique lui permet d’avoir ses bars, cafés et autres commerces.

Le malaise exprimé  par François Cormier, et partagé par plusieurs membres de la communauté, c’est de ne pas se sentir bien représenté.

Demandons à un jeune homme trans, à une lesbienne d’origine haïtienne, à un aîné gai qui a grandi à l’époque où l’homosexualité était criminelle, à un jeune homosexuel efféminé ou à une bisexuelle s’ils se sentent bien représentés, eux. Ça aussi, c’est une question qui mériterait d’être posée.

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