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F*&k le sport

Photo: Yves Provencher/Métro

À chaque année, le Marathon de Montréal donne aux commentateurs de tous acabits – mais surtout à ceux dont l’acabit prédispose peu à la pratique d’un sport – l’occasion de dénoncer la culture de performance qui pousse le commun des mortels à participer à des épreuves sportives exceptionnelles.

Certains formuleront des analyses sur le culte du corps, remettront en question le potentiel amaigrissant de l’exercice physique ou proposeront des reportages sur les effets délétères de l’entraînement excessif sur le couple (sans vraiment préciser la proportion de marathoniens que ça touche, mais en donnant l’exemple d’un narcissique qui court 33 Ironmen en 33 jours). Et si, par malheur, une personne décède durant un marathon, on s’empressera de demander aux autorités en la matière s’ils avaient pris les précautions nécessaires pour que les participants de l’épreuve soient suffisamment en forme.

Le non sportif pénitent conclura rapidement que le sport, c’est mal, et qu’il fait tout aussi bien de rester assis à regarder la télé. Le récit du sport comme danger plaît car il déculpabilise ceux qui ne sont pas portés vers l’activité physique. Or, les décès et autres désagréments liés au sport, bien qu’ils soient des phénomènes réels, relèvent de l’anecdotique. On s’attend à ce que les taux de décès lors d’un marathon soient de l’ordre de 0,8 sur 100 000. Généralement, ces décès surviennent chez des individus jeunes et en santé en raison d’une malformation congénitale. Pas à cause du sport.

Au micro d’Alain Gravel, le cardiologue Alain Vadeboncoeur a d’ailleurs précisé que les morts subites arrivaient régulièrement dans la vie quotidienne, plus souvent chez ceux qui ne sont pas entraînés. De manière générale, force est de reconnaître que le sous-entraînement constitue d’avantage un enjeu de santé publique que le surentraînement qui, au pire, remplit les cabinets de physiothérapeutes (et de conseillers matrimoniaux apparemment).

Mais dénoncer la culture de la performance, c’est plus fun. Plus fun, bien sûr, que de dénoncer la culture qui incite à une consommation excessive d’alcool qui elle, fait davantage de victimes. Ou plus fun que de dénoncer la culture obésogène qui, par les milliers de messages subliminaux que l’industrie alimentaire envoie dans la rétine, tire la population générale tous les jours un peu plus dans le champ de l’embonpoint à coup de boissons gazeuses, de burgers enrobés de bacon, de chips style poutine cowboy ou de crème glacée aux barres de chocolat.

Les sédentaires, il faut bien l’admettre, se font aussi bombarder de messages culpabilisants qui tendent à les responsabiliser pour leur mauvaise condition physique. Le sport, après tout, c’est comme le sexe: tu fais ça seulement si ça te tente. C’est peut-être ça qui génère chez certains d’entre eux une amertume envers le culte de la performance physique. S’ils savaient que le sport, c’est pas juste se faire suer en espérant de brûler quelques calories…

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