Soutenez

Au-delà de René Angélil

Ce n’est pas personnel, c’est politique.

Chaque annonce de funérailles nationales amène son lot de mécontents. On jugera que l’honneur est mérité ou non, selon différents critères, créant chaque fois un fossé gênant entre les éloges sans nuances du défunt et les reproches adressés avant même que le corps ait pu refroidir. Dans la foulée de l’annonce des funérailles nationales de René Angélil, plusieurs personnes ont remis en question la contribution réelle de l’imprésario à la société québécoise. L’auteure du blogue La Semaine Rose, Marilyse Hamelin, elle, a plutôt mis le doigt sur les grandes oubliées de cet hommage posthume bien particulier : les femmes.

Dans une solide démonstration, la blogueuse féministe nous informe que des neuf funérailles nationales qui ont été célébrées depuis leur création en 1996, neuf ont honoré des hommes, pour un ratio épatant de 100 %. On répond à cela qu’au jour de leur mort, les Pauline Marois et Céline Dion auront droit elles aussi d’être reconnues à leur juste valeur, comme si depuis 1996 aucune femme d’exception n’avait passé l’arme à gauche. Marilyse Hamelin en recense neuf, qui se qualifient selon le critère flou d’avoir marqué la vie culturelle, politique ou sociale, parmi lesquelles on compte Pauline Julien, Anne Hébert et Madeleine Parent. À cette liste, ajoutons Alys Robi, décédée en 2011, dont la carrière pourrait se comparer, à l’échelle de son époque, à celle de Céline Dion.

Mais que les gouvernements qui se succéderont aient ou non l’intention de conférer cet honneur aux prochaines candidates de prestige sur la liste de la faucheuse, cette discussion doit avoir lieu. Comment se fait-il que dans les 20 dernières années – 20 années au cours desquelles on s’est plu à croire que l’égalité entre hommes et femmes était atteinte – on ait oublié ces femmes qui méritaient d’être reconnues? Le texte de Marilyse Hamelin soulève légitimement cette question, justement pour que les prochaines ne sombrent pas dans l’oubli.

S’il est malheureux que le décès de René Angélil soit assombri par cette controverse, comprenons bien que ce n’est pas l’imprésario qui est montré du doigt, mais bien les décideurs, et que ce qu’on reproche à ces décideurs, ce n’est pas d’avoir nommé des hommes, mais d’avoir oublié les femmes. Soulever le biais sournoisement sexiste qui a pu conduire les gouvernements précédents à ne pas reconnaître au même titre l’apport des femmes à la société québécoise, ce n’est pas remettre en question le mérite de ceux qui ont bénéficié d’un tel privilège. Et il faudra bien en parler, de ce privilège, si l’on ne veut pas qu’il demeure typiquement masculin.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.