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Ma belle princesse d’amour

The Centre de la Jeunesse, a group home for troubled teens, is seen Friday, February 5, 2016 in Laval. Three girls from the home are among several disappearances in the Laval and Montreal area in the past week.THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz Photo: Ryan Remiorz/THE CANADIAN PRESS

Avec les cas de fugues d’adolescentes qui se multiplient dans les médias, la discussion s’entame sur ce qui peut être fait pour éviter que des filles soient enrôlées dans ce qui a toutes les allures d’un système de trafic humain.

Un vérificateur qu’on dit indépendant se penchera sur le cas du Centre jeunesse de Laval; on se demande comment enseigner aux filles à ne pas tomber dans le panneau des gangs de rue; et, signe que les idées féministes font leur chemin, on se demande aussi comment enseigner aux gars à ne pas devenir des exploiteurs.

Dans tous les milieux, les parents de jeunes filles sont inquiets. Que faire pour les protéger de cet enfer, à part les combler d’amour? Mais pour y arriver, sommes-nous vraiment prêts à remettre en question la façon dont nous prenons collectivement soin des filles, depuis les perspectives que nous leur offrons jusqu’aux histoires qui fondent leur conception du monde?

Encore en 2016, les garçons s’abreuvent de récits de superhéros vaillants, courageux et protecteurs, alors qu’on sert aux filles des histoires de princesses attendant passivement qu’un prince les délivre de leur torpeur et assure leur confort matériel jusqu’à la fin des temps.

Récemment, un humoriste invitait ses fans sur Facebook à prendre un moment pour dire à leurs filles de ne «jamais laisser un homme décider quoi que ce soit pour elles». Un message inspirant qui invitait aussi les parents à dire à leurs filles qu’elles sont belles. À quel moment dit-on aux garçons qu’ils sont beaux pour nourrir leur estime personnelle? On pense qu’on aide les filles en les rassurant quant à leur apparence physique, mais ne leur rendrait-on pas plus fier service en cessant d’ériger la beauté, une caractéristique sur laquelle elles n’ont aucun pouvoir, en idéal? Ne devrait-on pas plutôt leur dire qu’elles sont intelligentes, drôles, débrouillardes, capables, et qu’elles peuvent se réaliser à travers bien d’autres facettes de leur personnalité que la beauté physique? Le sentiment que la beauté est un atout ne fait-il pas un peu partie de la problématique de la prostitution juvénile?

Dans le cadre du documentaire Parents inc. diffusé à Canal D, une mère admettait que l’organisation familiale tournait plutôt autour du hockey du garçon, alors que la fille passait souvent en deuxième. Il y a probablement plusieurs familles où c’est l’inverse, mais dans les familles obnubilées par les activités des garçons, comment occupe-t-on les filles?

Parmi les filles qui sont tombées dans les griffes d’un proxénète, il y en a une qui voulait devenir neurochirurgienne, mais avait fait le calcul qu’en se prostituant, elle obtiendrait le même salaire. Comment se fait-il que des jeunes (garçons et filles) entrevoient leurs perspectives d’avenir sous l’angle prédominant de la rétribution, au point de considérer que la neurochirurgie et la prostitution sont équivalents?

Quel message envoie-t-on quand, dans les médias, on parle de «filles de bonne famille» qui sont «pourtant» tombées dans le panneau? Qu’est-ce que ça dit des autres filles?

Je n’ai pas de réponse à ces questions, mais je pense qu’on devrait sérieusement y réfléchir.

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