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Juste du web?

Si vous avez autour de 30 ans, vous avez certainement vu déferler récemment sur les réseaux sociaux une avalanche de pilotes de webséries destinés à charmer les internautes et, plus essentiellement, les membres du jury du Fonds indépendant de production, qui décideront sous peu quels projets obtiendront le soutien financier de cet important programme. Vous avez peut-être aussi entendu parler des cinq nouvelles webséries originales produites pour Tou.tv, dont, pour la première fois sur cette plateforme, une série en format magazine.

Avec ce foisonnement de nouveaux contenus web, il serait tentant de croire que l’âge d’or de la websérie est enfin arrivé. Alors qu’on s’inquiète de l’impact des Netflix, Shomi et autres Club Illico sur l’avenir de la télévision, on semble s’imaginer que le format web, qu’on pense encore nouveau, jeune et audacieux, survivra sans peine à ce phénomène de télé à la carte. Peut-on en être si certain?

Quand les webséries ont commencé à faire leur apparition, un de leurs plus grands atouts, pour la génération à qui elles s’adressaient,  était qu’elles pouvaient être consommées sur demande, au moment où on en avait le temps. Pour des vingtenaires qui voulaient économiser sur l’achat d’une télévision ou d’un abonnement au câble, En audition avec Simon et Quart de vie pouvaient faire l’affaire. Aujourd’hui, presque tout se consomme sur demande. Même plus besoin de solliciter l’enregistreur numérique. Si on l’a raté, c’est sûrement sur Illico, sur Tou.tv ou sur l’internet.

Avec les House of Cards, Transparent ou Chef’s Table qu’on peut maintenant consommer pour quelques dollars au moment qui nous plaît, comment des webséries de qualité comme La vie n’est pas un magazine ou L’écrivain public peuvent-elles se démarquer? Alors que le nouveau modèle envoie maintenant les séries traditionnelles en primeur sur le web, les webséries, elles, seront-elles bientôt considérées comme de simples miniséries à petit budget? Les créateurs de webséries doivent maintenant se demander ce qui justifie qu’ils produisent spécifiquement pour le web.

Leur format le réclame-t-il vraiment? S’adressent-ils à un marché niché qui ne permet pas d’investir les sommes qu’on est prêt à débourser pour une série grand public? Puisque les lieux de diffusion tendent à se confondre, qu’est-ce qui distinguera dorénavant la websérie de la série diffusée sur le web? Si la jeunesse nous offre un aperçu de l’avenir, les formats web devraient finir par se trouver. Mais pas nécessairement comme on se l’imagine aujourd’hui.

Les contenus que consomment les ados aujourd’hui défient tous les critères de pertinence d’un point de vue d’adulte. Les YouTubeurs les plus populaires diffusent des vidéos souvent remplies d’inepties, de longueurs, de défauts techniques que ne tolérerait aucun diffuseur traditionnel. C’est pourtant ce contenu authentique qui captive les jeunes. Parce que ça leur parle – parfois pendant 16 interminables minutes – de choses qui les préoccupent, de l’achat de fournitures scolaires à la construction d’un abri anti-dragon dans Minecraft, en passant par la gestion des commentaires méchants sur les réseaux sociaux.

L’avenir appartient probablement à ceux qui investissent actuellement dans ces jeunes.

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