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Sol à la rescousse

Sol Zanetti, député de QS, va encore plus loin que le PQ Photo: Yves Provencher/Métro

 

La semaine dernière, je révélais que, comme plusieurs jeunes, la question nationale me laisse indifférente. On m’a répondu que les sondages sur lesquels je me fiais pour tâter le pouls de la jeunesse valaient bien ce qu’ils valaient, mais il n’en demeurait pas moins que moi, la souveraineté, ça m’indiffère. Ne reculant devant aucun cynisme, Sol Zanetti – le chef d’Option Nationale – s’est porté à la rescousse de l’option souverainiste.

Alors, Sol, les jeunes sont-ils si indifférents que je ne le pense devant la souveraineté? «Oui et non, admet-il d’emblée. C’est normal que ça ne les intéresse pas si on n’en parle plus depuis 20 ans. C’est comme pour le féminisme, si tu leur en parles, ça va les intéresser et ils vont se demander pourquoi personne ne leur en avait jamais parlé avant». Il avait déjà gagné un point en comparant la cause à celle du féminisme. Mais il en faudra plus pour me convaincre que le peuple Québécois est opprimé par le fédéralisme comme les femmes par le patriarcat.

J’ai du mal à concevoir notre quête d’émancipation comme étant semblable à celle du peuple Algérien face à la colonisation. J’ai l’impression que nous sommes, aussi, des colonisateurs. J’ai du mal à nous percevoir comme des porteurs d’eau. Je ne vois pas pourquoi je m’identifierais plus à mes compatriotes québécois qu’à ceux de la Colombie-Britannique ou de l’Alberta. Je suis rebutée par les conservateurs identitaires qui ont fini par associer le projet national au repli. Et je n’ai pas l’impression que nous serions mieux protégés par une constitution québécoise que canadienne.

De ce que j’ai compris à notre conversation, pour Sol Zanetti, la souveraineté est un enjeu d’échelle. «On n’est pas meilleurs que les autres. C’est juste plus simple de s’organiser à plus petite échelle. Les États-Unis réussissent à le faire parce qu’ils ont un pouvoir décentralisé qui repose sur une identité forte. Le Canada a échoué à faire ça. Le Canada, c’était d’abord une union économique. Aujourd’hui, avec le libre-échange, ça n’a plus lieu d’être».

Le Québec est aussi distinct du point de vue des valeurs, ok, c’est clair. Sur l’échelle gauche-droite, il se retrouve beaucoup plus à gauche sur les questions économiques, mais un peu plus à droite sur les questions identitaires. Sol l’admet non sans un petit peu de gêne, mais rien qui ne se corrige pas avec un peu de fierté et d’émancipation nationale. Et une grosse dose d’assurance surtout. Une assurance qui manque au PQ.

«Martine Ouellette est la seule qui propose de faire l’indépendance dans un premier mandat», explique Sol Zanetti. Disons que s’il votait pour le prochain chef du PQ, son choix s’arrêterait sur elle. «Si tu crois à tes idées, tu proposes pas de faire l’indépendance dans un deuxième mandat. C’est comme si Québec Solidaire disait  “On va réaliser l’égalité homme/femme, mais dans un deuxième mandat”! Ça n’a aucun sens». Résolument, Sol Zanetti a compris comment marquer des points avec moi.

«Le problème du PQ, c’est qu’il devrait être comme Bernie Sanders, mais il est comme Hillary Clinton», dit-il. «Bernie Sanders a eu le courage d’essayer de convaincre et ça a fonctionné parce que les jeunes ont reconnu son audace».

C’est vrai, quand on y pense, que les questions entourant la date du référendum sont rébarbatives. Après avoir passé une heure et demie à jaser de souveraineté avec Sol Zanetti, je ne suis pas encore convaincue de voter oui lors du prochain dilemme référendaire, mais je suis certaine que le sujet n’est pas ennuyant. Au fond, ce n’est pas la souveraineté qui n’intéresse pas les jeunes. C’est peut-être quelque chose comme le PQ, avec ces stratégies qui semblent conçues pour rallier le plus de monde possible promettant un référendum peut-être un jour, un peu de laïcité, un peu d’éducation, mais en même temps beaucoup d’économie, être un «osti de bon gouvernement» parce que ça sonne jeune sans trop faire peur aux vieux…

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