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L’initiation, d’hier à aujourd’hui

Pour les gens de mon âge et d’autres un peu plus vieux, L’Initiation est un film de cul québécois extrêmement mauvais du début des années 1970. Pour les plus jeunes, ce qu’on appelle maintenant «l’initiation» est une sorte de passage obligé que tu dois subir quand tu franchis une nouvelle étape dans tes études. Par un étrange paradoxe, les deux se retrouvent souvent dans la loge de l’obscénité.

La semaine passée, dans le cadre de ces incontournables activités marquant la rentrée étudiante à l’Université du Québec en Outaouais, des épais ont organisé un concours où on devait, parmi quelques épreuves édifiantes, rapporter des photos de seins, tirer ses bobettes sur le DJ pendant le party ou, tant qu’à y être, se faire autographier l’arrière-train. Vous voyez le genre? Si ça vous intéresse, votre GPS devrait vous mener tout droit à l’office des brillants concepteurs de cette fiesta, en plein cœur de la charmante cité de Cro-Magnon…

Finalement, l’activité annoncée avec éclat n’a pas eu lieu. On ne se demandera point pourquoi… Remarquez que l’UQO ne détient pas le monopole de la grossièreté pour ce genre de festivités, puisque des niaiseries comme ça, il s’en organise un peu partout. À l’Université McGill, par exemple, il y a de cela quelques années, on avait sodomisé une recrue de l’équipe de football avec un manche à balai afin de favoriser son intégration à sa nouvelle confrérie. Dans le même élan enthousiaste, d’autres nouveaux avaient été forcés de simuler une fellation devant le reste du groupe. Esprit d’équipe, quand tu nous tiens… Tout ça dans une institution qui, on le rappelle, existe en principe pour développer adéquatement les actifs de notre société de demain. En principe…

Personnellement, j’ai été plus chanceux. Quand je suis entré au cégep, on avait eu droit à une épluchette de blé d’Inde. Sans trop de séquelles, je le souligne avec fierté. Seul souvenir poche de la fête : de charmants étudiants en techniques policières s’étaient brillamment illustrés autour des chaudrons en se tirant des épis par la tête. Ça virait toujours ainsi avec nos futurs représentants de la loi et l’ordre…

Cela étant dit, en 2016, dans certaines écoles où on est supposé tirer l’élite vers le haut, on semble encore obligé de descendre jusqu’au cinquième sous-sol pour «intégrer» adéquatement les nouveaux arrivants. C’est vrai qu’en partant d’aussi bas, la suite des choses ne peut aller qu’en s’améliorant. C’est toujours ça de pris…

***

Ça fait un méchant bout que l’interprétation des hymnes nationaux qui précède les événements sportifs professionnels me semble parfaitement futile. C’est donc avec beaucoup de bonheur que je vois de plus en plus de joueurs de la Ligue nationale de football s’en servir désormais afin de faire passer leurs messages politiques. S’il y a un moment parfait pour mettre en évidence ce qui cloche dans ton pays, c’est bien celui-là.

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