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District 31: De la grande TV

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Gildor Roy joue le commandant du District 31, Daniel Chiasson Photo: Arcouette&Co/Radio-Canada

Il fut un temps où les téléséries quotidiennes étaient à la télé ce que les pizzas pochettes sont à la fine cuisine: de la bourrure à panse faite à partir d’un assemblage douteux d’éléments encore plus douteux. Rappelez-vous La maison Deschênes, une espèce de fresque psychotronique qui racontait les aventures d’une famille bourgeoise vivant dans des décors cartonnés. Ou encore Marilyn, dans laquelle une femme de ménage fouineuse allait finalement devenir mairesse de sa ville. Ouch… Nul besoin d’invoquer la préhistoire et la naïveté de nos créateurs de l’époque: les pionniers ne disposent pas de tous les droits. Surtout pas de celui d’être pourri.

Je regardais la finale de District 31 et, c’était plus fort que moi, je me disais que notre télé avait fait un bond de géant au cours des dernières années. Pas que tout ce qui se fait ici soit bon, loin de là. Suffit d’avoir regardé un épisode de Cheval-Serpent pour comprendre que la médiocrité peut encore frapper n’importe où et n’importe quand sur nos écrans. Et qu’elle peut même revenir pour une deuxième année…

Avec District 31, on assiste à l’aboutissement d’à peu près toutes les expertises dans le domaine. L’auteur Luc Dionne vient d’atteindre un nouveau sommet dans son écriture, le jeu des comédiens et comédiennes est remarquable et la facture visuelle de la chose ne correspond pas du tout à cette franche odeur de manufacture à saucisses qui a toujours caractérisé nos quotidiennes. Et de grâce, laissez faire avec les intrigues trop compliquées, on est assez grands pour comprendre que c’est pas parce qu’on mange chaque jour qu’on est toujours obligés de bouffer des roteux.

J’ignore combien de temps encore les créateurs de District 31 pourront continuer à tenir la barre aussi haute. Ce que je sais, c’est qu’après ça, ce sera difficile pour nous d’accepter l’idée de retourner en bas.

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Ce week-end, Philippe Couillard n’a pas hésité à agiter une fois de plus son épouvantail indépendantiste en mettant en garde la communauté anglophone qui pourrait être séduite par l’idée d’un gouvernement caquiste dirigé par François Legault, «cet ancien ministre du PQ». Cher premier ministre: jamais à court de monstres pour faire peur à ses ouailles…

Faut dire que son truc a déjà fonctionné. Quand, pendant la campagne de 2014, il avait relancé inlassablement l’éventualité d’un autre référendum dans les cannes de Pauline Marois. Chaque jour, celle-ci avait été prise pour se défendre d’une chose dont elle ne voulait surtout pas parler. La pauvre…

L’honorable Philippe C. croit-il vraiment que la même tactique sera efficace une deuxième fois avec un nouvel adversaire? Ou serait-il déjà convaincu que le gros train bleu va lui passer dessus l’automne prochain?

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L’histoire se passe à Nashville, au Tennessee. Un gars muni d’un fusil semi-automatique AR-15 fait irruption dans un restaurant. Il tue trois personnes sur le coup. Une quatrième victime mourra un peu plus tard à l’hôpital. Du coup, un autre malade vient de remporter une victoire au compte de 4 à 0.

Il y a moins d’un an, le même fou avait été arrêté après avoir franchi les barrières de sécurité de la Maison-Blanche. On lui avait alors confisqué ses armes. Il en possédait quatre, dont celle qui a servi aux meurtres du week-end dernier. Pour une raison tout aussi obscure qu’épaisse, les autorités ont éventuellement remis les armes au papa du fou avec la consigne de les garder hors de portée de son illustre génie. Le papa n’a pas tenu compte de la consigne et a rendu les armes à son fils détraqué.

Dimanche matin, quatre personnes sont mortes en mangeant des gaufres au restaurant. Et un autre aliéné s’est prévalu de son droit inaliénable garanti par le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis.

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Vu: Le bizarre incident du chien pendant la nuit, une pièce tirée du roman du britannique Mark Haddon, qui est présentée chez Duceppe jusqu’au 19 mai. On accorde une ovation debout sur des échasses à ce spectacle qui est une réussite à tous points de vue. Salutations particulières à Sébastien René, Normand d’Amour et Catherine Proulx-Lemay, au metteur en scène Hugo Bélanger et à toute l’équipe qui nous offre une bien belle fin de saison sur la très grande scène du théâtre de la PDA.

Pendant que nous y sommes, j’en profite pour saluer respectueusement Michel Dumont qui achève, avec cette superbe production, un règne de 28 ans à la direction artistique chez Duceppe. Ce n’est pas rien.

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