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Ici Radio-Canada et là, les penseurs…

«… la Société Radio-Canada, à titre de radiodiffuseur public national, devrait offrir des services de radio et de télévision qui comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit…»

Ces mots sont directement tirés de la loi sur la radiodiffusion canadienne. Pour ceux et celles qui se posent – encore –des questions sur le mandat de Radio-Canada, voilà, tout est là. Et quand on sabre dans les budgets de cette société comme on l’a fait encore récemment, c’est tout ceci qui est mis en péril. Vous, ça vous inquiète? Moi, oui. Très.

Je suis surtout attristé pour tout dire. Par ces coupes qui semblent être devenues un réflexe automatique, par les choix déchirants qui en découlent, par les décisions pas toujours brillantes qui viennent avec… Je suis aussi déçu. Déçu d’assister à la mise à sac d’un tel joyau. Et effrayé par le révisionnisme pratiqué par certains qui voudraient bien banaliser l’impact de cette lente agonie.

Qu’on se le dise : Radio-Canada n’est pas qu’un simple poste de dépense. C’est un point d’ancrage majeur comme il doit y en avoir dans toute bonne société équilibrée. S’il n’en tenait qu’à moi, Radio-Canada prendrait même plus de place dans le décor et je serais prêt à contribuer encore davantage en tant que payeur de taxes et d’impôts pour la voir toujours meilleure. Ça devrait être LE noyau incontestable de la radio télédiffusion nationale (et de toutes les nouvelles bébelles qui viennent avec). Point à la ligne. Une sorte d’université où les nouveaux talents pourraient s’épanouir et d’où partiraient les nouvelles tendances. Un centre de référence incontournable, une ruche où le travail des artisans devrait être reconnu et valorisé et non pas systématiquement remis en question comme si tout le monde s’adonnait à un vaste complot de paresse institutionnelle. Parce que c’est totalement faux. Ce qui se fait là est essentiel et la manière de le faire l’est tout autant quoi qu’on en dise.

J’en ai marre de lire et d’entendre ces «observateurs» qui discréditent cette société à chaque fois qu’ils le peuvent. Qui tracent leurs propres plans de redressement et qui donnent joyeusement dans le «c’est comme ça que ça devrait marcher»… On constatera que ceux qui se font généralement si généreux de leurs suggestions sont habituellement des anciens qui se sont fait botter le cul hors de la boîte à un moment ou à un autre. Pas capables d’y garder une job mais subitement en mesure d’y faire le ménage. Ben quin…

Quand ils comparent les budgets et le mode de fonctionnement d’une telle machine avec ce qui se fait chez les diffuseurs privés, ces révisionnistes-devenus-grands-penseurs font non seulement montre de malhonnêteté mais aussi d’une méconnaissance crasse du travail qu’on accomplit de part et d’autre, dans le privé comme dans le public. Depuis quand demande-t-on à une société d’État de faire des choix dignes d’une entreprise commerciale alors qu’elle est là pour offrir des services à l’ensemble d’une population, à un maximum de contribuables? Depuis quand un diffuseur national devrait-il abandonner ceci ou cela? Ne plus diffuser des émissions jeunesse, des compétitions sportives, des téléromans, des variétés…

Pourquoi donc Radio-Canada devrait-elle gérer sa décroissance plutôt que de s’appliquer à stimuler l’expertise des communicateurs d’ici? Des créateurs qui iraient ensuite nourrir tous les réseaux, dans le privé comme dans le public. Tout le monde en ressortirait gagnant. Entre les deux, il y a là un choix que je refuse de faire.

Ne touchez pas à Radio-Canada. C’est simple comme ça.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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