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400 fois sur le métier

Tout ceci a commencé le 21 octobre 2005. Aujourd’hui, 400 chroniques plus tard, nous sommes encore là, vous et moi, réunis au même endroit.

Laissez-moi tout de suite vous remercier de m’avoir enduré depuis si longtemps;  faut être pigiste à contrat pour connaître la valeur d’une relation aussi durable. Même si parfois, il faut se faire rappeler ce que représente l’accès à une tribune pour certains.

J’étais dans un taxi. Le chauffeur, un Haïtien, me dévisageait dans son rétroviseur:
«Hey, c’est vous le gars du Métro?
– Oui, c’est moi, j’suis dedans à chaque mardi.
– Vous êtes chanceux, hein?  Ça doit être le fun d’écrire tout ce qui vous passe par la tête…
– Euh oui mais y a quand même un minimum de réflexion à faire avant d’écrire ce qui te passe par la tête.
– Je le sais. Dans mon taxi, j’réfléchis tout le temps. Mais moi, je peux juste partager mon opinion avec un client à la fois. Et je dois répéter et répéter… Vous, en une fois, vous rejoignez la population tout entière!»

Malgré l’indéniable notoriété du journal Métro, on pourra repasser pour la «population tout entière» quoique dans cette simple phrase, le chauffeur sous-entendait une réalité souvent banalisée: disposer d’une tribune publique comme celle-ci est effectivement un privilège inestimable. Venant de cet homme venu d’ailleurs, là où la liberté de parole n’est pas un acquis, cette courte analyse résumait pourtant tout. Vraiment tout.

Ici, depuis le début, j’ai pu vous faire part de mes indignations comme de mes élans d’enthousiasme. J’ai pu hacher du politicien et croquer de la vedette. Avec vous, j’ai dû m’extasier des dizaines de fois devant des pièces de théâtre, des émissions de télé, des films et des disques.

Une seule fois, j’ai planté un humoriste et je ne l’ai plus jamais fait ensuite. J’ai horreur que l’on me fasse des menaces de mort voyez-vous et j’ai appris que le milieu de l’humour était clairement beaucoup trop dangereux pour moi. Dans un ordre d’idées semblable, j’ai aussi appris qu’il valait mieux ne pas en découdre avec les ayatollahs du vélo, quoique ceux-là sont nettement moins menaçants…

Avec vous, j’ai vibré pour les Canadiens – quoi qu’il advienne – et pour les autres athlètes d’ici. J’ai eu honte du Stade olympique et de tout ce parc immobilier que nous n’entretenons pas convenablement dans notre belle ville. Toujours avec vous, j’ai été désolé en regardant trop longtemps aller une larve à la mairie de Montréal et célébré son remplacement par le tentaculaire Denis Coderre. Que voulez-vous, entre le mollusque et la pieuvre, mon choix fut aisé. Pourvu que ça dure…

Je suis passé d’anti à pro Facebook. De passionné d’élections à écœuré d’aller voter. D’optimiste à inquiet quant à la situation du français à Montréal. Très inquiet même.
Je suis néanmoins resté le même face aux revendeurs de billets et autres abuseurs de système qui trichent sans relâche sans que les autorités ne s’en mêlent vraiment. Je pense aussi toujours les mêmes choses pas très belles à propos de Maxime Bernier et de Sam Hamad. Et des Bruins tant qu’à y être.

Heureusement, de l’autre côté, il y aura toujours les Xavier Dolan, Guylaine Tremblay, Alexis Martin, Maude Guérin, Robert Lepage, Christiane Charette et Vincent Vallières pour faire le contrepoids.

Et surtout, au milieu de tout ça, il y a vous. Nous devrais-je dire. C’est en votre compagnie que je me sens toujours le mieux accompagné. Et sachez que je vous aime gros.

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