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Une photo de New York

J’arrive de mon pèlerinage annuel à New York. J’ai logé à l’hôtel Jane. Construit au début des années 1900 pour héberger les marins de passage, les cabines y mesurent 1 m 40 de large par 2 m 15 de long. Sans blague. Les corridors sont longs, sombres et totalement lugubres. On y croiserait le fantôme du Capitaine Crochet que ça ne nous surprendrait même pas. Cela étant dit, à 99 $US la nuit, le deal est inégalable.

S’y retrouve une clientèle on ne peut plus variée. Des jeunes, des madames et des monsieurs, des gens du coin ou d’autres venus d’ailleurs. Avec, en boni, deux beaux bars vintage au rez-de-chaussée. Et vous savez comment sont les bars d’hôtel, on ne sait jamais sur qui on va tomber…

– «Hi, my name is Chuck. I’m from Austin, Texas. You, who are you?
– My name is Sylvain and I’m from Montreal.
– Montreal! Great place! Is that in Canada?
– Euhhhhh, yes…»

Sont souvent comme ça les rencontres en voyage. Pour le moins étonnantes, disons. Ça fait que le gars, le sourire amanché comme un clavier de piano, sort son iPhone.

– «Now that we are friends, it’s time for selfies!»

Problème cornélien, malgré ma proverbiale gentillesse envers autrui, j’haïs me faire prendre en photo. Surtout quand un parfait étranger me tient en otage avec son maudit photomaton de poche. J’essaie d’expliquer au gars que je ne trippe pas vraiment sur l’idée, mais, rien à faire, le gars VEUT prendre le portrait. Bon, ok (calvaire)…

Comme prévu, j’ai l’air bête comme un gant de boxe sur l’instantané et le résultat est une catastrophe. Chuck, un peu déçu, mais pas démonté pour autant, m’offre de reprendre l’opération. Non merci.

–  «In Canada, do you take selfies?»

Bien sûr Chuck. C’était justement une des raisons pour lesquelles je me poussais pendant une couple de jours…

•••

Un peu pathétique de voir le designer de grand goût Jean Airoldi essayer de défendre le concept de sa nouvelle émission Quel âge me donnez-vous? à la table de Christiane Charette l’autre soir. On rappelle l’idée : dans l’allée d’un centre commercial, on enferme une femme dans une cage de verre et des passants doivent évaluer son âge. Suite à ces observations hautement scientifiques (!), la dame s’organise pour avoir l’air plus jeune et se prête à nouveau au jeu de la cage pour qu’on lui confirme qu’elle rencontre enfin des standards de beauté dignes de nos attentes… Vous pigez? Assez débile, merci.

Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Airoldi soit mêlé à ça. Lui-même passe sa vie dans un grand cube de verre. Avec ses photos de vacances en compagnie d’un couple d’amis, sa vie de couple. Puis sa séparation de sa femme ainsi que de son couple d’amis… Une bien drôle d’obsession d’être vu et de toujours se faire voir.

Je le répète : avoir tant de goût, c’est presque péché…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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