Soutenez

Le prix de consolation

Yves Bolduc dispose d’un extraordinaire don pour faire réagir. Quand ce n’est pas avec son outrageuse prime de 215 000 $, c’est pour déclarer qu’il n’y a pas un enfant qui va mourir d’un manque de nouveaux livres dans son environnement pédagogique. En sa qualité de médecin, on lui accorde toute notre confiance : il a raison, il n’y aura pas une vie de perdue à cause des coupures en éducation. Mais quand un ministre nouvellement nommé à l’éducation profite de sa première rentrée scolaire pour déclarer une telle horreur, je me demande quelle bulle d’air a bien pu lui traverser l’esprit.

Je ne perdrai pas une phrase de ma vie pour expliquer à Yves Bolduc l’importance des livres et des bibliothèques. Il sait déjà tout ça et vous aussi. Mais, si vous le permettez, je vais me contenter de poser une question à l’éminent élu. Juste une seule et simple question : Monsieur Bolduc, savez-vous en quoi consiste la fonction de ministre, peu importe le ministère qu’il doit diriger ?

Oui, on sait bien que le monsieur aurait 10 000 fois préféré reprendre son siège à la santé et aux services sociaux. Mais son nouveau compagnon de banquette, l’inénarrable Gaétan Barrette – un être nettement plus intimidant et hargneux – avait posé comme condition sine qua non l’obtention de ce poste s’il sautait en politique active. Promesse donnée – promesse tenue, c’est ainsi que le bon docteur Bolduc s’est donc vu confier le ministère de l’Éducation suite au scrutin d’avril dernier, une nomination qu’il a acceptée avec grand dépit. Mine de rien, ça nous indique par le fait même que 50 ans après le travail colossal de Paul Gérin-Lajoie et le dépôt du rapport Parent, les héritiers du Parti libéral considèrent que le ministère de l’Éducation est dorénavant vu comme étant un prix de consolation. Juste pour ça, on devrait descendre dans la rue…

Revenons donc à la question qui me titille : qu’est-ce qu’un ministre digne de ce titre doit accomplir pour remplir honnêtement son mandat? Parce qu’au risque de déplaire à Yves Bolduc, le job de ministre représente bien plus qu’une manière d’arrondir son salaire de député, même si c’est maintenant connu qu’il aime bien gonfler sa paie avec quelconque bonus…

Je suis peut-être le king des naïfs mais j’attendrai toujours de la part d’un ministre qu’il aille se battre bec et ongles pour améliorer la machine qu’on lui a confiée. Qu’il tape à grands coups de godasses sur la table du Conseil des ministres pour réclamer plus de subsides afin d’aider ses fonctionnaires à toujours en faire plus et mieux. Qu’il se batte comme un enragé pour aller chercher la dernière piasse collée dans le fond de la canisse de l’État pour rendre à la population les services auxquels elle a droit.

Là, parce que le simili-ministre Bolduc a l’air mécontent de son sort et qu’il se considère placé en «stand-by», il laisse non seulement aller son bateau à la dérive mais il endosse d’emblée les coupures de budget dans son secteur en allant même jusqu’à suggérer qu’on limite l’acquisition de nouveaux outils d’apprentissage. Au sein du gouvernement Couillard, cet homme n’est qu’une carpette. Toujours couché, pas trop intéressé à débattre. Mais quand même de plus en plus en travers du chemin pour enfarger le reste de sa gang.

S’il y a une chose dont on pourrait aisément se passer dans l’éducation au Québec, c’est bien de carpettes me semble… Et ça non plus, je suis certain que ça ne ferait pas mourir un élève dans la province. Même pas besoin d’être médecin pour comprendre ça…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.