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La peur des violents

On a beaucoup parlé des cas de violence domestique impliquant des joueurs de football de la Ligue nationale ces derniers temps. Quand ce ne fut pas avec les grands coups sur la gueule d’une conjointe dans un ascenseur, c’est le passage au fouet d’un enfant de quatre ans qui a soulevé – avec raison – l’indignation générale. La direction de la NFL a dû se résoudre à s’occuper du dossier et d’imposer des sanctions aux «illustres» athlètes pris en défaut. Une bonne chose de faite, comme dirait l’autre. Sauf qu’il faut savoir que les dirigeants de ce circuit étaient au courant de certains de ces méfaits depuis longtemps et que c’est à cause de la diffusion des bandes vidéo (et surtout la perspective de perdre des commanditaires d’importance et leurs $$$…) qu’on a fini par bouger. Ce qui n’a rien de très édifiant, mais qui est symptomatique de ce qui se passe dans notre société.

Partout, il a y un méchant problème de violence au quotidien. Pas aussi spectaculaire que la violence des footballeurs qui font les nouvelles, certes, mais pas moins laide. Et de surcroît, tolérée depuis toujours. Appelons ça de la violence-occasionnellement-permise dont on peut faire usage au besoin. Enfin, c’est toujours comme ça qu’on l’a justifiée…

Vous la connaissez, cette violence qui permet aux parents de corriger physiquement des enfants «pour leur bien», mais étrangement, jamais pour le bien de l’adulte qui pète les plombs. Cette violence qui permet de tasser sa conjointe dans le mur à cause d’un trop-plein de je ne sais quoi. Cette violence qui éclate trop souvent chez les voisins d’à côté, mais contre laquelle on n’intervient pas «parce que ça ne nous regarde pas»…

En passant, ce n’est peut-être pas cette violence qui ne nous regarde pas, mais plutôt nous qui avons tendance à détourner le regard quand elle se passe sous nos yeux…

On comprend maintenant que ce qui met souvent un frein à la violence, c’est la peur. Paradoxalement, il s’agit plutôt de la peur de l’agresseur et non pas de celle de l’agressé. La peur du parent qui arrête mystérieusement de taper sur son enfant quand celui-ci atteint une douzaine d’années. Pas parce que le p’tit a finalement compris la leçon, mais bien plutôt parce que l’adulte-redresseur-de-torts estime que l’enfant est désormais rendu juste assez fort pour se défendre et que ça peut faire mal. C’est aussi la peur du conjoint qui fuit devant toute forme de solidarité qui pourrait se développer autour de sa conjointe. Une solidarité qui lui fait soupçonner que le temps des silences est révolu et que l’heure de la réplique a sonné.

C’est là et seulement là que les agresseurs – ou les complices dans le silence, comme les dirigeants de la NFL l’ont été – battent en retraite. Quand c’est su de tous que quelque chose ne tourne pas rond dans le coin.

Vous pouvez vous fier sur eux, s’il y a un sentiment que les agresseurs connaissent mieux que quiconque, c’est exactement ça : la peur. Rien d’étonnant, ça fait tellement longtemps qu’ils n’existent que par elle…

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Voilà que Sylvain Gaudreault et Véronique Hivon ont confirmé qu’ils ne participeraient pas à la prochaine course à la chefferie du PQ. Permettez-moi de paraphraser René Lévesque : «Si j’ai bien compris, vous êtes en train de dire à la prochaine fois…»

Ce qui, en langage péquiste, équivaut à : «On se r’prendra à la prochaine chicane.» Habituellement, ça arrive assez vite dans ce parti…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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