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On nous avait pourtant promis…

J’ignore combien de temps encore durera le conflit sur la hausse des frais de scolarité. Le gouvernement est obstiné, et la ténacité du mouvement étudiant m’étonne chaque jour. Parions qu’au terme de l’affrontement, ça finira bien par arriver, chaque partie devra mettre de l’eau dans son vin. En diluant beaucoup plus du côté étudiant. Sans surprise.

Le Québec moderne, celui qui est né avec la Révolution tranquille il y a de ça une cinquantaine d’années, nous promettait une société égalitaire, nettoyée de toute corruption et en avance sur ce qui se faisait ailleurs au pays.

Dans cette réforme, on s’engageait à proposer un modèle d’équité qui allait accorder aux pauvres comme aux riches les meilleures opportunités. Qui allait offrir à tous, sans exception, un accès à l’éducation post-secondaire. Qui, dans la même foulée, nous permettrait aussi de nous faire soigner dans nos hôpitaux sans qu’on soit obligé d’hypothéquer ses avoirs si on avait le malheur de se casser un os. C’était ça, le fer de lance du Québec social-démocrate. Tout cela étant rendu possible en échange d’un niveau d’imposition et de taxation relativement plus élevé qu’ailleurs. Mais bon, fallait ce qu’il fallait pour accéder à un monde meilleur et plus juste…

En 2012, il est clair que ces engagements ont été brisés. Finalement, l’idée n’était peut-être pas si bonne que ça. Notre système de santé fait de plus en plus appel à une deuxième et même à une troisième vitesse. Et l’éducation supérieure accessible à tous à peu de frais ne le sera éventuellement plus. Décevant? Oui, totalement.

Un coup l’échec admis, qu’on ne vienne pas m’achaler en comparant notre situation avec celle des autres provinces ou avec ce qui se fait ailleurs sur la planète, ça n’a rien à voir. Notre modèle, il se voulait avant-gardiste, original et, surtout, sur mesure pour nos besoins. En nous demandant de payer plus de taxes à l’achat d’un frigo ou d’une chemise, le gouvernement était censé gérer le nouveau capital mis à sa disposition et ouvrir toutes grandes les portes des écoles et des hôpitaux. Le deal était clair, et nous, contribuables, l’avons respecté. Là, alors que la porte de l’école rapetisse et que le système de santé tourne carré, il faudrait tout accepter dans le silence? Non.

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Ces jours-ci, on me parle d’enfants gâtés qui manifestent avec un cellulaire collé sur l’oreille et un billet de Madonna qui dépasse de leur poche. Oui, pis? Même si ça arrivait, qu’est-ce que ça changerait? Les étudiants, comme tous les membres de la société québécoise, n’ont pas à marchander leur droit à l’indignation. En s’indignant, probablement sans même le savoir, ils dénoncent le bris d’un engagement qui avait été pris face à leurs parents, à leurs grand-parents et à tous ceux qui n’avaient pas eu accès à ce modèle de société égalitaire auquel ils avaient le droit de rêver. C’était une promesse. Elle n’a pas été tenue.

Quand les étudiants crient, ils le font également en mon nom…

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Moment surréaliste samedi soir : un combat de boxe opposant un député libéral et un sénateur conservateur. Encore plus surréaliste: la chaîne d’information LCN qui couvre «l’événement» et le diffuse en direct. Mais le boutte du boutte, c’est l’analyste d’un soir, l’ex-ministre Jacques Dupuis, qui s’inquiétait juste avant le combat pour l’avenir politique de Justin Trudeau en cas de défaite. Coudon, c’tu moi..?

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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