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L’art de la pitié

Qui n’a jamais entendu un vieux mononcle raconter à quel point son enfance fut misérable? Qu’à Noël, en guise d’unique cadeau, il n’avait droit qu’à une orange dans le fond de sa vieille chaussette reprisée. «On était pauvres, mais ça ne nous a pas empêchés de faire une belle vie», qu’il concluait en écrasant une larme bien légitime, vu le poids de sa terrible confidence. Le phénomène, enraciné dans nos bonnes vieilles valeurs chrétiennes, est archiconnu : plus vous déployez des pans sombres de votre vie, plus vous risquez de susciter l’admiration de tout un chacun. L’humain moyen étant du bon monde, il accepte volontiers de se laisser mener en bateau, même quand il a de sérieux doutes sur l’authenticité de l’anecdote qui lui est contée.

Notre mononcle-piteux du moment, c’est le candidat néo-démocrate Jonathan Genest-Jourdain, qui s’est récemment ouvert sur ses tristes origines en pleine campagne électorale. Père alcoolique, fouilles de poubelles pour trouver de quoi se nourrir, pauvreté «noire», etc. De quoi émouvoir une enclume, ma foi. Sauf que sa famille n’a comme pas beaucoup apprécié le procédé, disons. Surtout pas l’enflure qui aurait sensiblement modifié la véracité de son récit. Note à quiconque serait tenté d’exagérer certains faits de son passé : il est préférable de le faire quand on est loin de ses proches, si je puis m’exprimer ainsi.

Le député sortant de Manicouagan n’est pas le premier politicien à en mettre un peu/beaucoup afin d’attirer l’attention. Ils sont combien à avoir saupoudré leur parcours de vie de quelques diplômes factices, de grosses jobs dans des sociétés aujourd’hui disparues sans laisser de trace, d’implications dans des organismes de charité dont personne ne se souvient? S’il fallait passer au scanneur tous les CV de nos élus, m’est avis qu’on risquerait d’avoir de maudites belles surprises.

Souvenez-vous pour toujours de ce vieil adage : a beau mentir qui vient de rien.

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Vous avez trouvé que Denis Coderre y était allé un peu fort avec son marteau-piqueur quand il est lui-même allé pulvériser les dalles de béton destinées à supporter des boîtes postales dans le parc de l’Anse-à-l’Orme jeudi dernier? Ben, pas moi. J’aurais même rêvé en faire autant, étant donné que je suis moi-même l’heureux (!) dépositaire de ce genre de déco néo-conservatrice depuis quelques jours.

Mais moi, je ne suis pas maire. En fait, si je suis la logique de notre digne société d’État, je ne serais même pas totalement propriétaire du terrain pour lequel je paie des taxes depuis plusieurs années.

La notion de partage «communautaire» étant clairement au centre des priorités de Postes Canada, je suis donc prêt à offrir lesdites dalles à quiconque voudra bien venir les prendre chez nous. Discrétion assurée.  Vous assurez le transport,
je fournis la bière. Deal?

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