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Coudon, c’tu toé le gars…?

Si vous n’avez pas connu la fin des années 1960, le début des années 1970, vous n’avez aucune idée de ce qu’est une véritable idole pop. Aucune. Dans le sens québécois du terme, s’entend. Suffisait d’un passage remarqué à Jeunesse d’Aujourd’hui et/ou à Donald Lautrec Chaud et, BANG, on vous sacrait instantanément star. Ensuite, une saine inondation des ondes radio ainsi qu’une présence assidue dans les journaux à potins pouvaient donner, à ces vedettes du moment, l’impression que la gloire allait durer éternellement.

Ce qui n’était, c’est maintenant su, presque jamais le cas. Steve Fiset, pour un, l’a appris bien assez vite.

En un rien de temps, son statut est passé de Révélation masculine au Gala des Artistes à serveur dans un bar du Vieux-Montréal. Imaginez la scène – quand votre job consiste désormais à apporter des bières aux tables en espérant le meilleur pourboire de la part de celles et de ceux qui, quelques années plus tôt, ramassaient leurs sous pour acheter vos disques. Malaise, vous dites…?

C’est encore pire quand votre face ne change pas. Ce qui était un gros problème pour Steve Fiset: il ne vieillissait pour ainsi dire pas. En tout cas, pas assez vite pour fuir cet éphémère moment de célébrité qui lui collait aux fesses malgré sa difficile débarque dans l’espace public. Des années plus tard, alors qu’il était rendu livreur de smoked-meat chez Lester’s, il y en avait toujours un pour lui demander: «Coudon, c’tu toé ça, le gars d’la Camaro?» Sûrement un peu tanné, j’imagine que Steve Fiset ne devait pas toujours répondre par l’affirmative. Un gars a parfaitement le droit de se cacher, même de son passé, tout aussi étincelant fût-il…

Comme si la vie n’avait pas déjà été assez heavy à son endroit, un accident de santé a ensuite sérieusement hypothéqué son autonomie. Et encore et toujours, dans son centre de réadaptation, il se faisait souvent demander si c’était pas lui… vous devinez la suite.

Ça faisait des années que l’on ne recevait presque plus de nouvelles de Steve Fiset. Au point où il était permis de se demander s’il était toujours des nôtres. Pourtant, dès l’annonce de son décès, en fin de semaine, les souvenirs sont remontés et des photos, anciennes ou plus récentes, sont ressorties. Avec ce visage, fixé dans le temps et dans nos mémoires, qui avait effectivement très peu changé entre deux époques. Séparées par un long intermède qui s’était appelé la vie.

Un intervalle qui a dû parfois être bien long et bien cruel.

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Un vent de renouveau souffle sur la CAQ. Un nouveau logo, une fleur de lys dans le Q (!) et un beau bleu qui rappelle «le ciel et l’eau du Saint-Laurent», qu’a dit le président du parti. Émouvant. Il aurait pu ajouter qu’il s’agissait du même bleu que l’assouplisseur de tissus La Parisienne. Tant qu’à donner dans les images poétiques…

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Vous avez vu le nouveau chandail des Canadiens? Pas sûr… Jouer la carte «vintage», je veux bien, mais là, le patchwork proposé atteint un niveau de bon goût plus que douteux. La prochaine fois, ça va être quoi? Je propose une toge avec une ceinture fléchée.

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Parlant des Canadiens, on vient de sortir une 3e édition revue et augmentée de La glorieuse histoire des Canadiens de Léandre Normand et Pierre Bruneau. Une brique de plus de 900 pages (une poutre serait plus juste…), un ouvrage colossal et, à mon humble avis, un incontournable. Voilà, c’est pas mal tout.

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