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Autobiographie d’une ex-mannequin anorexique: palmarès des passages les plus troublants

Le récit autobiographique de Victoire Maçon Dauxerre donne froid dans le dos. Dans Jamais assez maigre, l’ex-mannequin française raconte avec acuité comment elle a été recrutée par une agente de mannequins sans scrupules qui lui a explicitement demandé de perdre deux tailles de vêtements dans l’espoir d’être sélectionnée pour défiler à New York, à Milan et à Paris alors qu’elle n’avait que 17 ans. «Tu n’entreras jamais dans les fringues […] De toute façon, c’est dans huit semaines, tu as largement le temps de perdre […] Pour les shootings, le 36 ça passe, tu pourras reprendre un peu. Mais pour les défilés, il faut entrer dans du 32-34. OK?»

Selon Victoire Maçon Dauxerre, il s’agit de pratiques généralisées dans l’industrie, et des lois comme celle qu’a adoptée la France au début de 2016 n’y changeront peut-être pas grand-chose. Il est donc temps de faire une prise de conscience collective! La preuve par sept citations chocs tirées de son livre.

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À part quelques exceptions qui semblent pouvoir faire trois légers repas par jour sans prendre un gramme – et encore, j’aimerais bien voir ce qu’elles font quand elles s’enferment dans les toilettes, et quelles substances traînent au fond de leur sac -, nous sommes toutes à la même enseigne : gommes et Coca Light pour tromper l’ennui et la faim, plus un fruit ou un yaourt 0 % de temps en temps.

J’ai bien compris ce qu’on attend de moi : je dois être une jeune femme fraîche et jolie, sans humeur, sans besoin, sans autre envie que de répondre au désir de ceux qui me choisissent, et surtout sans stress.

On se fait traiter comme la SPCA n’accepterait pas qu’on traite des animaux, et tout le monde ferme sa gueule…

«Tu es canon! Regardez comme elle a maigri! Vous avez vu comme elle est belle?» Ils tournent les yeux vers moi et se mettent tous à applaudir.

Elle m’a aussi raconté, à voix basse parce qu’on ne parle pas de ces choses-là, que lors d’un de ses défilés de New York, une fille était morte dans les coulisses. […] Crise cardiaque? À dix-sept ans? […] Je me suis souvenue du jour où j’étais tombée d’inanition, sur un passage-piétons, à New York. Je ne lui ai pas raconté. À quoi bon? Nous savions toutes les deux, comme tout le monde, qu’aucune fille ne mangeait à sa faim pendant les défilés.

J’ai scruté la silhouette que me renvoyait le grand miroir du vestiaire. Pas de joues. Pas de seins. Pas de ventre. Pas de fesses. Les cuisses parfaitement éloignées l’une de l’autre par une belle parenthèse bien creuse. C’est moi. Je suis cette fille super-maigre et super-puissante, qui sait parfaitement contrôler son corps. Son appétit. Son poids. Sa vie.

Je n’ai plus froid. J’ai mes règles. Je suis bien moins irritable : mon cerveau marche beaucoup mieux, depuis que je le nourris, pas seulement d’informations, de théâtre et de littérature. J’ai appris, à mes dépens, que pour bien fonctionner il lui faut du glucose, de la vitamine B1, des oméga-3, du fer… […] Il n’empêche que ma relation avec la nourriture est toujours difficile et compliquée. Je mange trop. Je ne mange pas. Je remange trop. Il me faudra du temps, je crois.

Une entrevue avec Victoire Maçon Dauxerre a aussi été publiée.

 

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