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Selfies et chirurgies: des questions à se poser

Vector smiling man - flat character taking selfie by mobile phone - new technology concept Photo: Getty Images/iStockphoto

L’année dernière, on apprenait que la popularité des égoportraits aurait mené à une hausse des ventes de cosmétiques. L’effet des médias sociaux et de cette quête de la meilleure photo se sent aussi dans les cliniques de médecine esthétique.

Selon le Dr Jean-François Tremblay, dermatologue et directeur médical de l’institut MédIME, de plus en plus de patients demandent une consultation pour améliorer leur image virtuelle. «Je dirais même que certains sont beaucoup plus préoccupés par leur apparence sur les réseaux sociaux que dans la vraie vie, souligne-t-il. On ne voyait pas ça il y a 10 ans. Ça ouvre une autre fenêtre sur leur image ou la perception qu’ils en ont.»

Ce constat semble corroborer les résultats d’un récent sondage mené par la pharmaceutique Allergan (qui commercialise notamment des injectables tels que le Botox ou Belkyra). Selon cette étude de la perception de soi menée auprès de 1002 Canadiens, près d’un quart des répondants (des hommes et des femmes de 30 à 65 ans) ne sont jamais totalement satisfaits des photos qu’ils partagent sur les réseaux sociaux.

Plus des trois quarts des Québécois soutiennent même ne pas se sentir bien si leur visage n’est pas à son meilleur, soit 85% des femmes et 70% des hommes, 28% des Québécoises allant jusqu’à ne jamais partager de photos d’elles pour cette raison. Imaginez!

Dans sa pratique, Dr Tremblay remarque que les doubles-mentons sont souvent en cause. «Quand on prend un selfie [en contre-plongée], ça met en évidence l’angle du menton et le gras sous-mentonné», explique-t-il.

Autre effet collatéral des médias sociaux, selon le dermatologue : ses patients s’affichent après un traitement, ce qui attire leurs amis dans son cabinet. «Il ne faut pas non plus oublier l’influence des célébrités américaines, continue-t-il. Dès qu’elles mettent de la crème à main, il y a 2 millions de followers qui le savent!»

Deux autres sondages vont en ce sens
Un sondage mené cet automne auprès de 1004 Québécois pour le compte d’Épiderma montre pour sa part un certain engouement des moins de 34 ans pour les soins médico-esthétiques tels que l’épilation par laser, le traitement des varices et des veines dilatées, le traitement des rides et ridules, la microdermabrasion, le peeling et le traitement de la cellulite. Selon les résultats, les moins de 34 ans sont les plus nombreux à envisager  les soins médico-esthétiques au cours des cinq prochaines années (38% des 18 à 24 ans et 42% des 25 à 34 ans).

En contrepartie, 65% des Québécois affirment ne pas avoir l’intention de recevoir ce type de soin, révèle l’enquête.

Un sondage mené cet été par la marque Clarisonic indique pour sa part que 28% des Canadiens ne craignent pas de paraître en public sans aucun cosmétique sur leur peau, soit le meilleur score parmi les huit pays sondés. Cela suppose quand même que près des trois quarts des personnes interrogées au pays ne peuvent vivre sans, au minimum, camoufler leurs imperfections comme des boutons, des cernes ou des inégalité de teint. D’ailleurs, selon cette étude, 43% des répondants actifs sur les réseaux sociaux avouent avoir recours aux filtres et même aux applications de retouche d’image avant de publier des égoportraits.

Toutes ces données posent de bien sérieuses questions sur le culte de l’apparence qui caractérise notre époque. À méditer en ce début d’année.

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