Piñata et vendetta en Alberta

L’Alberta est-elle la piñata du Canada? C’est du moins l’étonnant constat dressé mardi par Brian Jean, leader du parti conservateur albertain Wildrose, dans la foulée du dépôt de la requête en injonction du gouvernement Couillard dans le dossier du projet de pipeline Énergie Est.

«Nous sommes frustrés, comme le sont plusieurs Albertains, d’être traités comme la piñata de la Confédération», a illustré le chef de l’opposition officielle (à 50 secondes du début de la vidéo).

Si on comprend bien, la piñata est l’Alberta et les bonbons, la péréquation?

Il n’est pas le seul à avoir usé de métaphores pour exprimer son mécontentement face au Québec. Toute en retenue, la première ministre néo-démocrate de l’Alberta Rachel Notley a déclaré en point de presse qu’elle ne songeait pas encore à empoigner son revolver, mais…

«Je garderai mon étui à portée de main. Et, qui sait, peut-être verrons-nous éventuellement un échange de coups de feu?» -Rachel Notley

Vox populi
Dans ce concert d’indignation poétique, le Calgary Sun a choisi d’élever le débat en proposant, à la toute fin de son article sur l’injonction demandée par Québec, un sondage se résumant à quatre petites lignes:

Sondage Sun«Le Québec devrait…
1) Fermer sa yeule
2) Poursuivre dans la même voie
3) Quitter le Canada»

En additionnant les votes recueillis par les options 1 et 3 (les chiffres de la photo de gauche ont été relevés en début d’après-midi mardi), 98% des quelque 700 répondants estimaient que le Québec, un membre à part entière de la fédération canadienne, ne devait pas chercher à faire respecter les lois qui s’appliquent sur son territoire dans ses champs de compétence.

Après avoir abondamment circulé sur les réseaux sociaux, le sondage a fini par afficher des résultats un peu moins désolants… Au moment de mettre en ligne mercredi, sur près de 4 000 internautes, 49% se prononçaient en faveur de la démarche québécoise, alors qu’encore 51% d’entre eux souhaitaient soit le mutisme du Québec (24%), soit son départ (26%).

Séparatistes albertains > séparatistes québécois
Mais l’Ouest aura peut-être un jour sa revanche sur le reste du pays, si on en croit un reportage publié par Vice Canada lundi. Deux reporters ont infiltré à Edmonton la rencontre d’un parti séparatiste qui milite pour une Alberta indépendante, le Alberta Freedom Party.

L’aversion des Albertains pour l’interventionnisme étatique et les progressistes de l’est du Canada ne date pas d’hier, mais l’article montre bien que l’arrivée d’un nouveau Trudeau à Ottawa, combinée au marasme du secteur de l’énergie, a créé chez certains un sentiment d’abandon.

Les militants du Alberta Freedom Party ont évidemment étudié le cas du mouvement indépendantiste québécois afin d’évaluer la viabilité de leur propre projet. Eux, l’argent les fera gagner, contrairement aux Québécois et à leur État-providence financé par la péréquation, résume leur chef Jeff Rout dans le texte de Vice.

«The reason Quebec failed in their attempt is that they’re on the gravy train. […] We’re the gravy.»

Traduction libre : «Les Québécois ont échoué parce qu’ils profitent de la vache à lait. […] Nous sommes le lait.»

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