Les rôtisseries identitaires

La vente des rôtisseries St-Hubert, fleuron québécois du poulet rôti, à la société ontarienne Cara, qui opère principalement dans le reste du Canada les chaînes Swiss Chalet et Kelsey’s, a beaucoup circulé dans la presse anglophone. Toutefois, peu de médias l’ont résumé aussi efficacement que le Toronto Star dans son compte rendu publié jeudi.

«For Quebec politicians, it’s about jobs. For Quebec nationalists, it’s about pride. But for the average Quebecer [it] is mainly about the sauce.»

Traduction libre : «Pour les politiciens québécois, c’est une question d’emploi. Pour les nationalistes québécois, c’est une question de fierté. Pour le Québécois moyen, c’est surtout une question de sauce.»

Au-delà de son humour alimentaire, le correspondant du Star au Québec Allan Woods est un des seuls à avoir pris le temps d’expliquer clairement ce que représentaient pour la province les grands succès entrepreneuriaux qui ont changé de mains récemment (Rona, Le Cirque du Soleil, etc.), rappelant que l’émergence d’une classe dirigeante francophone au Québec était une des pierres d’assises des progrès de la révolution tranquille durant les années 1960.

Vice News, de son côté, a choisi de mettre sur l’accent sur la panique identitaire qui se serait prétendument emparée du Québec après l’annonce de la transaction.

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Après s’être moqué à mots à peine couverts des réactions négatives des chefs péquiste et caquiste, le journaliste Patrick Lejtenyi a décidé qu’il serait pertinent de faire commenter cette transaction d’affaires par des organisations de défense de la langue, nommément la Société Saint-Jean-Baptiste et le Mouvement Québec français (MQF). Étonnamment, c’est de cette intuition discutable qu’aura émergé le point de vue le plus inusité concernant la vente de la rôtisserie chouchoute des Québécois.

Loin de se scandaliser de la transaction, le directeur général du Mouvement Québec français y voit au contraire des avantages insoupçonnés. Éric Bouchard en avait assez d’entendre de la «musique américaine unilingue anglophone» chaque fois qu’il entrait dans un restaurant St-Hubert. Il juge que Cara, pour gagner le cœur de ses nouveaux clients, pourrait être tenté de proposer de la musique d’ambiance créée et produite ici.

«It will touch that nationalist chord. […] St-Hubert made zero effort. It took its audience for granted. The new managers will have to seduce Quebecers.»

Traduction libre : «Ça touchera la fibre nationaliste. St-Hubert ne faisait aucun effort. Ils tenaient leurs clients pour acquis. Les nouveaux gérants devront séduire les Québécois.»

Qu’importe donc l’identité de celui qui possède la business quand on peut manger son hot chicken en écoutant du Marie-Mai? La question se pose…

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