Au-delà de la suspension de l’aide canadienne à Haïti

L’annonce en fin de semaine dernière de la suspension de l’aide canadienne au développement à Haïti a provoqué une véritable onde de choc dans les relations entre les deux pays. L’attitude d’Ottawa et les non-dits dans la prise de position du ministre Julian Fantino alimentent également toutes sortes de rumeurs sur les motivations réelles de cette décision. D’autant qu’il s’agissait du deuxième coup porté par Ottawa, en quelques jours, après la mise en garde aux touristes canadiens qui devraient éviter de se rendre en Haïti à cause de l’insécurité grandissante.

Les deux paliers de gouvernement ont réagi sur des fronts différents lundi. Le premier ministre Laurent Lamothe s’est contenté de publier les chiffres parus dans un rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime qui place Haïti en position très confortable comparé aux autres pays de la région en matière de criminalité. Il a insisté sur les efforts consentis dans la mise en place d’infrastructures touristiques adéquates à travers le pays.

Le chef de l’État haïtien, Joseph Michel Martelly, a choisi quasiment d’applaudir la décision d’Ottawa, car selon lui cela permettra de réévaluer la coopération entre les deux pays. «L’aide canadienne à Haïti est gérée par des organismes canadiens et non par le gouvernement», a insisté le dirigeant qui a exprimé des frustrations sur les allusions faites par le ministre Fantino concernant l’insalubrité dans la capitale haïtienne.

Malgré la nouvelle sortie du ministre de la coopération canadienne qui persiste et signe la décision de suspendre l’aide, Port-au-Prince a réagi de manière très polie, évitant toute déclaration intempestive dont le président Martelly est friand.

Les frondes contre Ottawa sont venues de l’ancien premier ministre Jacques Édouard Alexis et l’ancien gouverneur de la Banque centrale haïtienne, Fritz Jean, qui ont questionné les véritables raisons qui pourraient motiver la démarche d’Ottawa. Depuis quelques jours les rumeurs parlaient de représailles après que Port-au-Prince eut rejeté la candidature d’une compagnie canadienne qui voulait exploiter les mines d’or du pays.

En insistant sur le fait que la coopération haïtiano-canadienne devrait être payante pour les deux pays cela tend un peu à confirmer certains aspects des rumeurs. Nous y reviendrons.

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