Égypte: retour à la case départ

Photo: Archives Métro

Le coup d’état contre le premier président démocratiquement élu a ramené l’Égypte, depuis mercredi, à la case départ. Car malgré le fait d’avoir transmis le pouvoir symboliquement à un président intérimaire civil, la réalité dans les rues confirme que l’armée a pris le pouvoir. La suspension de la constitution, la chasse aux Frères musulmans et la présence des chars et blindés laissent plus une impression d’état de siège que de correction démocratique.

Loin d’oublier les reproches formulées par les centaines de milliers de manifestants à travers le pays ces derniers jours, les premières mesures annoncées par l’armée, entre autres contre les médias, sont plutôt liberticides. Au moins cinq chaînes de télévision qui couvraient la mobilisation des partisans du président Mohamed Morsi et des Frères musulmans ont été fermées et des journalistes de la chaîne de télévision Al-Jazeera Misr ont été embarqués après une descente de police dans ses locaux.

Certains médias ont parlé de triomphe de la révolution, qui a remis les Frères  musulmans à leur place et bloqué leur tentative de récupération du Printemps arabe. D’autres, comme le Washington Post, ont tenté de nuancer en disant que c’était à la fois une révolution et un coup d’état. Comment peut-on hésiter à qualifier ce nouveau coup de l’armée comme un rejet de la démocratie?

Une chose est certaine, l’Égypte va replonger dans une nouvelle période d’instabilité, à moins que l’armée revienne aux anciennes pratiques de répression qui pourraient déboucher sur des bains de sang à répétition. Car les principales forces islamistes, qui viennent de se regrouper en un «Front national de défense de la légitimité» n’entendent pas lâcher prise en appelant à la multiplication des manifestations.

L’Égypte aujourd’hui est divisé entre pro et anti-Morsi, c’est peut-être ce qu’a toujours souhaité l’armée afin de retrouver enfin son rôle de sauveur de la patrie en proie à un désastre. Mais tout compte fait, c’est l’armée qui va replonger le pays dans le désastre, si la communauté internationale ne fait rien de plus qu’exprimer des inquiétudes.

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