World Mayor 2016: Des façons de faire à retenir pour l’accueil des immigrants

ATHENS, GREECE - OCTOBER 19: Migrants sit in front their shelters at the Eleonas refugee camp on October 19, 2015 in Athens, Greece. More than 500,000 migrants have entered Europe so far this year. Of that number four-fifths have paid to be smuggled by sea to Greece from Turkey, the main transit route into the EU. Nearly all of those entering Greece on a boat from Turkey are from the war zones of Syria, Iraq and Afghanistan. (Photo by Milos Bicanski/Getty Images) Photo: Getty Images

Mercredi dernier, le travail d’une dizaine de maires autour du monde a été souligné en lien avec leur accueil exceptionnel pour les immigrants et les réfugiés, à travers le projet World Mayor de la City Mayors Foundation, une organisation basée à Londres.

Le maire de Malines (Belgique), Bart Somers, a remporté les honneurs. Il était suivi, en deuxième place, de Wolfgang G. Müller, de Lahr/Schwarzwald (Allemagne) et de Georgios Kaminis, maire d’Athènes (Grèce), en troisième position. Les initiatives qu’ils ont mises en place (de même que celles des autres maires qui ont été sélectionnés dans le top 10) pour donner une place aux immigrants et aux réfugiés sur leur territoire sont à retenir – nous y reviendrons.

Le projet World Mayor décerne tous les deux ans, depuis 2004, des prix aux maires du monde qui font preuve de vision et qui réussissent le pari de faire de leur communauté un endroit où il fait bon vivre et travailler. Les candidatures sont soumises par le public, mais évaluées par un jury.

Le prix ne vise pas à désigner le «meilleur» maire, m’a souligné dans un échange de courriels Tann vom Hove, de la City Mayors Foundation. Les réalités vécues par les villes sont trop différentes. Il permet toutefois de mettre en lumière le travail exceptionnel d’un maire et de son équipe. Les maires dont les accomplissements sont reconnus par la fondation doivent par ailleurs être exemplaires au niveau de l’éthique et de l’honnêteté, insiste M. vom Hove.

Laccent sur laccueil des réfugiés et des immigrants
Au moment, en 2015, où l’organisation préparait le concours de cette année, la crise des réfugiés atteignait son paroxysme en Europe, m’a raconté M. vom Hove.

«Des centaines de milliers de personnes, souvent extrêmement pauvres et misérables, qui se sont rendues en Europe, ont abouti dans des villes et villages qui leur ont offert des abris d’urgence, une sécurité et des possibilités pour l’avenir. Nous avons estimé que les efforts des municipalités devaient être valorisées et que les meilleures pratiques concernant l’intégration des gens de différents pays et de différentes cultures et religions devaient être reconnues», précise-t-il.

Bien que les décisions concernant l’accueil des réfugiés incombe au gouvernement fédéral, c’est dans les villes que cette réalité se concrétise. «Des maires comme ceux de Malines ou de Lahr/Schwarzwald ont su aborder le problème de la peur et de l’anxiété des populations locales. Ils ont aussi convaincu les nouveaux arrivants à embrasser une nouvelle culture sans perdre la leur. Tout cela se fait mieux au niveau local. Mais les gouvernements doivent, bien sûr, fournir du financement aux autorités locales et les outiller pour qu’elles puissent mener à bien ces tâches», poursuit M. vom Hove.

Quont fait les maires choisis?
Bart Somers est maire de Malines depuis 2001. Alors que c’est en Belgique, de tous les pays d’Europe, d’où provient plus grand nombre (par habitant) de jeunes musulmans qui sont allés combattre en Syrie et en Irak, sa ville fait exception à la règle. Aucun jeune de Malines, dont 20% de la population est musulmane, n’a rejoint le groupe armé État islamique ou n’est allé faire le djihad au Moyen-Orient.

«Depuis son arrivée à la mairie, M. Somers a complètement changé la ville, commente M. vom Hove. C’est à cause de ses politiques, incluant une approche «zéro tolérance» au crime. Il a aussi donné priorité à l’intégration de la population musulmane de la ville, qui provient principalement d’Afrique du Nord. Ils sont acceptés et s’identifient comme des citoyens de Malines.»

À Lahr, Wolfgang G. Müller est reconnu pour avoir pris la parole en janvier 2016 face à des manifestants anti-réfugiés. Ces derniers étaient la plupart des Russo-Allemands, arrivés des pays de l’ancienne Union soviétique en Allemagne au début des années 1990. Ils s’inquiétaient du fait qu’une adolescente de 13 ans disait s’être fait enlevée et violée par des réfugiés venant du Moyen-Orient. Or, l’histoire était fausse. Müller, maire de la ville depuis 1997, n’a pas hésité à rappeler aux manifestants qu’eux aussi étaient des immigrants récents, alors qu’ils avaient été 9000 à s’installer dans une ville de moins de 35 000 habitants, et que leur accueil s’était très bien déroulé; qu’ils avaient trouvé du travail, fondé des entreprises et des familles.

«Pour les immigrants, une intégration couronnée de succès dans une nouvelle culture ne signifie pas qu’ils ont à abandonner leur culture d’origine ou leur langue. Nous ne voulons pas en faire des copies conformes de ce que nous sommes! Mais nous leur demandons de se responsabiliser pour que leur intégration soit réussie», a déclaré M. Müller à l’organisation du World Mayor.

Dans un contexte de crise économique touchant la Grèce, le maire d’Athènes, Georgios Kaminis a, lui, alloué un terrain municipal pour accueillir des réfugiés. Cet espace, le camp Eleonas, a été le premier centre temporaire mis en place au pays. Il accueille 2400 réfugiés. Pour M. Kaminis et les autorités municipales, la ville avait la responsabilité morale de fournir un environnement sécuritaire, des abris et de la nourriture aux réfugiés.

Ce ne sont que des extraits des histoires des maires dans le top 3, qu’on retrouve sur le site du World Mayor. Cette page contient aussi des textes écrits par ces maires eux-mêmes. Je vous invite à en lire plus ici.

Des aspirants québécois au titre
Cette année, le maire de Montréal, Denis Coderre, s’est retrouvé sur la liste longue comprenant 38 candidats. Il n’a pas été retenu pour la liste courte.

En 2014, Normand Grenier, de Charlemagne, et Colette Roy-Laroche de Lac-Mégantic ont été nommés sur la liste longue, composée de 121 candidats. Le prix avait été décerné à Naheed Nenshi, maire de Calgary.

En 2012, Régis Labeaume, maire de Québec, s’est hissé au quatrième rang du top 10. C’est Iñaki Azkuna, de Bilbao, qui a remporté la première place.

Avant 2016, les maires étaient récompensés pour leurs qualités générales, et non en fonction d’un thème.

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